Dun-sur-Meuse
Dun-sur-Meuse dans la Grande Guerre
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Citation du village à l'ordre de l'Armée le 17/10/1920 ; croix de guerre avec palme.
A été au cours de quatre années de guerre l'objet de fréquents bombardements par canons et par avions qui l'ont partiellement détruit. A supporté sans faiblesse les misères de l'occupation ennemie, attendant stoïquement l'heure de la délivrance.
À partir du 25 août 1914, les 4e et 5e corps français, en retraite, passent la Meuse. Le lendemain, en fin de journée les ponts sur la rivière et le canal sont détruits.
Le 27 août, l’aviation allemande survole Dun et sa forêt pour donner à l’état-major du 13e corps (AK13), les positions des troupes et des pièces de l’armée française. L’artillerie du 4e corps, positionnée sur les hauteurs de la rive gauche, prend sous son feu un pont provisoire en construction.
Le 28 août, le Kronprinz prescrit au 13e et au 16e corps actifs ainsi qu’au 6e corps de réserve, le franchissement de la Meuse pour le lendemain.
Le 29 août, le général Von Fabeck organise ses moyens pour franchir rapidement la rivière, sous la protection de son artillerie, avec pour objectif, un encerclement des troupes françaises. Les Allemands franchissent la Meuse sous un déluge de fer et de feu. Ils ne peuvent déboucher de Dun. L’intensité du feu est telle que l’ennemi croit avoir affaire à une concentration de troupes très importante.
Le 30 août, les Wurtembergeois tentent d’occuper Doulcon mais le 5e corps français les en empêche. L’artillerie française placée dans la région de Bantheville, d’Aincreville et de Cunel pilonne Dun et Doulcon, occasionnant d’énormes dégâts. L’ennemi de son côté, couvre d’obus la rive gauche.
Au terme de ce combat, le village de Dun-sur-Meuse est presque complètement détruit.
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La traversée de Dun vue du côté allemand (Die wurttemberger im weltkrieg)
"... Plus loin le long de la Meuse, se trouve la petite ville de Dun-sur-Meuse située sur le fleuve. A peine avons-nous occupé le petit bois que commence le concert de l'artillerie lourde postée sur la rive ouest, très nombreuse et pourvue en munitions inépuisables.
Le feu des lourds calibres frappent devant, derrière et à côté de nous provocant le malheur. C'est une difficile épreuve nerveuse d'être allongé jour et nuit sous le feu d'artillerie puissante sans pouvoir se défendre. Mais les courageux cuisiniers arrivent avec la nuit tombante malgré le feu et les chemins défoncés, si bien que l'on reçoit un repas chaud et un solide repos pour le corps et l'âme.
J'attends encore l'ordre de l'état-major de traverser la Meuse pour le lendemain et de protéger la traversée de Dun. La nuit est tombée, l'artillerie ennemie tire sans cesse, notre artillerie répond seulement pas des tirs sporadiques. De part et d'autre, aucune maison, aucun abri pour un hébergement et le sol est trempé.
C'est un sentiment personnel réjouissant ; à peine 14 jours sont passés depuis notre avancée et nous sommes déjà près du fleuve, nous laissant de glorieux souvenirs entre la place forte de Verdun et la ville de Sedan. Mais la traversée d'un fleuve est toujours une affaire compliquée en raison de l'ennemi et je réfléchis sérieusement à la traversée de l'infanterie sur des barques et radeaux pour sa protection."
Passage de la Meuse à Dun-sur-Meuse par la 5e division américaine
Le 5 novembre 1918, après 52 mois d’occupation, Dun-sur-Meuse est libéré par le 2e bataillon du 61e régiment d’infanterie de la 5e division américaine. Les compagnies du 14e bataillon de mitrailleuses ont participé à l’opération.
Le pont sur le bief, détruit en début de guerre par les Français, reconstruit puis mis hors d’usage par les Allemands, est restauré par les troupes américaines au prix de lourdes pertes. Placé sous le feu des batteries ennemies, celui-ci s’avère d’une importance capitale pour la suite des combats et pour bousculer l’ennemi.
Les transports lourds ne pouvant emprunter le pont léger de Brieulles, la compagnie B du 61e d’infanterie et les ouvriers des compagnies D et E du 7e génie, construisent dans la nuit du 5 au 6 novembre, un pont renforcé au-dessus du bief de Dun-sur-Meuse. L’aviation allemande le bombarde à plusieurs reprises mais à chaque fois l’ouvrage est réparé et maintenu opérationnel jusqu'à la construction d’un pont permanent. Ce solide ponton qui enjambe le bief, permet à l’artillerie lourde, aux trains de combat et aux trains régimentaires d’apporter leur appui et d’alimenter en munitions et en ravitaillement la 5e division mais aussi tout le 3e corps américain. Cet exploit est mis à l’actif du 7e génie et des unités rattachées.
Sur le monument aux morts de Dun-sur-Meuse est apposée une plaque de marbre commémorative sur laquelle sont gravés les remerciements de la population aux héros de la 5e division américaine, tombés pour la libération du village.
Sur les parapets du pont reconstruit au-dessus du bief se trouvent deux panneaux de bronze offerts par les vétérans de la 5e division. Sur ces panneaux est inscrit, en américain et français : « Les anciens combattants de la cinquième division des forces américaines, ont érigé ce parapet pour commémorer le passage de la Meuse et l’établissement d’une tête de pont sur la rive est, par leur division, pendant la guerre mondiale »
Le général PERSHING fait cette citation : « Le fait d’armes qui marque particulièrement la 5e division en une unité de combat, est la traversée de la Meuse et l’établissement d’une tête de pont sur la rive orientale. Cette opération est l’un des plus brillants exploits militaires dans l’histoire de l’armée américaine ». Cette citation vaudra à la 5e division la dénomination de « Division Meuse ».
En 1931, le pont est baptisé : PERSHING MEMORIAL BRIDGE
Rapatriement des corps des soldats américains
L’énorme quantité de tués pendant la Grande Guerre sur une ligne de front de plusieurs milliers de kilomètres a conduit à l’élaboration de très nombreux cimetières provisoires disséminés un peu partout sur les différents théâtres d’opération. Certains pays comme ceux appartenant à l’empire britannique ont choisi de conserver ces nécropoles. C’est ainsi que l’on peut voir dans les Flandres, en Artois et dans la Somme, de très nombreux cimetières britanniques, de tailles variables, éparpillés dans la nature.
Les autorités françaises et américaines ont choisi de regrouper les corps de leurs ressortissants dans de grandes nécropoles nationales, pour en faciliter la maintenance et l’accès. En effet, certains cimetières provisoires étaient situés dans des endroits inaccessibles. Le choix a été laissé aux familles de rapatrier les corps des défunts aux frais de l’état ou de les conserver dans un cimetière national proche de l’endroit où ils sont tombés.
Avant le regroupement ou le rapatriement des ressortissants américains, une importante opération de recensement a été réalisée. Dans notre région, c’est à Romagne-sous-Montfaucon que le choix d’implantations du Meuse-Argonne Cemetery s’est porté.
Pour les corps rapatriés aux Etats-Unis, trois points de concentration ont été retenus dans notre région : Romagne, Thiaucourt et Sainte-Menehould. Les cercueils étaient acheminés par voie ferrée jusqu’aux ports français dans un premier temps puis sur Anvers après le 1er avril 1921 avant d’être chargés sur bateaux en direction des U.S.A. Une alternative économique au transport par voie ferrée fut celui par voie fluviale avec le concours de péniches quand cela était possible.
À partir du 1er septembre 1921, commencent au cimetière de Romagne, les opérations d’exhumations des corps devant être rapatriés, au rythme de 200 par jour. Les sépultures laissées vacantes par les corps exhumés sont aussitôt réoccupées par d’autres corps en provenance de cimetières proches.
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Transfert des corps de combattants américains par péniches
L’éventualité de convoyer des corps par voie fluviale et son prix économique par rapport au rail, incite le chef du service des sépultures à adopter ce type d’acheminement, dans la mesure du possible, pour le rapatriement des restes mortels des combattants américains vers les États-Unis, via le port d’Anvers.
Lorsque les opérations de déplacement des dépouilles atteignent la zone des armées où les systèmes de canaux de France et de Belgique rendent possible le transfert par péniches au cours de l’hiver 1920-1921, ce moyen d'acheminement à destination d'Anvers est pris en considération. Les canaux qui ont été sévèrement endommagés ou détruits pendant la guerre, se retrouvent en réparation ou en reconstruction. Il faut attendre le printemps 1921 pour envisager les premiers transports au départ de Toul et Romagne à destination d'Anvers, par le canal de la Meuse via la Belgique et les Pays-Bas.
Le projet prévoit l’utilisation massive des voies navigables. Malheureusement, pendant plus d’un mois, au plus fort de l’activité, le canal de la Meuse est fermé pour maintenance. Pour permettre aux dépouilles de rejoindre le port d’Anvers dans les délais et leur acheminement vers les États-Unis, il s’avère nécessaire d’utiliser le rail. Plus tard, après réparation des canaux, les transports par voie fluviale deviennent possibles.
Le premier convoi par péniches, embarque 961 corps, au départ de Toul, le 7 avril 1921 et arrive à Anvers, le 30 avril.
Le second et dernier convoi quitte Dun-sur-Meuse, le 21 août 1921, avec 1985 corps à bord et atteint Anvers, le 3 septembre (une péniche peut contenir 300 corps).
Ce moyen de transport calme et silencieux parait approprié pour ces Américains morts au champ d'honneur, revenant sur leur terre natale pour un repos éternel. Les eaux tranquilles de la Meuse et de ses canaux, cheminent au travers des paysages meurtris par quatre années de guerre, en France et en Belgique.
Au départ de Dun-sur-Meuse, les barges, au nombre de sept, sont divisées en deux convois, chacun tiré par un remorqueur afin d’accélérer le passage des 83 écluses exigües. Avec les drapeaux en berne et les bannières étoilées recouvrant le pont de la proue à la poupe, les péniches se dirigent vers Anvers.
La Meuse, de l’ancienne cité de Dun à l’historique ville de Sedan, suit, en partie, les limites extrêmes de l’avance américaine, traversant les lieux de leurs glorieux combats. Les troupes françaises postées par intervalle, le long du canal, saluent le convoi par des salves de mousquèterie, alors que les gens des villes et villages profitent avec reconnaissance de cette opportunité pour adresser des prières silencieuses aux âmes de ces héros
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Convoi | Nom | Prénoms | Statut | Unité | Commune | Tombe | Latitude | Longitude | Commentaire |
12/05/1922 | BERTECHE | Paul Henri | Caporal | 21e BCP | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 13,6" | 5° 11' 0.2" | Bon état |
13/01/1922 | DUCHESNE | Etienne Lucien | Canonnier | 412e RAL | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 13,4" | 5° 10' 59,6" | Bon état |
15/11/1921 | GODET | Louis | Canonnier | 40e RA | Dun-sur-Meuse | Non | Pas trouvé | ||
09/06/1922 | GRANNOLA | Jean | Soldat | 79e RI | Dun-sur-Meuse | Non | Pas sur MDH | ||
09/06/1922 | LECOMTE | Jules Gabriel | Soldat | 23e RIC | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 14" | 5° 11' 2" | Bon état |
LAURENT | Marcel René | Militaire | Dépôt 2e RG | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 13,8" | 5° 11' 2,9" | Abandon | |
01/05/1921 | LIBERT | René Edouard Eugène | Soldat | 316e RI | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 13,8" | 5° 11' 0,4" | Bon état |
15/11/1921 | MEURICE | Arthur | Sergent | 355e RI | Dun-sur-Meuse | Non | Pas trouvé | ||
18/04/1922 | NIVELET | Henri | Caporal | 7e RI | Dun-sur-Meuse | Non | Pas trouvé | ||
27/04/1922 | VIGREUX | Louis Eugène | Caporal | 67e RI | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 13,5 | 5° 11' 0,5" | Abandon |
PIERSON | Robert Jean Louis | Caporal | 8e BCP | Dun-sur-Meuse | Oui | 49° 23' 14,1" | 5° 11' 2,4" | Abandon |
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Sources :
- Crédit photos Jean Marie
- SF de Dun
- SHD jmo du 5e corps
- ABMC
- GRS
- AD55