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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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Bataille de Bazeilles

Bataille de Sedan (combats de Bazeilles)

Contexte

Après la débâcle de Beaumont, l'inquiétude de l'état major français prend des allures de panique à peine dissimulée. Mac-Mahon, comme le gouvernement, a sous-estimé l'importance des forces allemandes, leur rapidité et leur tactique.
Harcelé par les IIIe et IVe armées le maréchal décide de se réfugier aux alentours de Sedan, sur la rive droite de la Meuse. Il ne souhaite pas utiliser cette vieille place forte pour combattre, mais pour rassembler ses hommes, les ravitailler en munitions et en nourriture et leur donner un peu de repos avant de repartir pour Paris

Les troupes des XIIe et Ve corps se replient dans un désordre indescriptible. Une cohue d'hommes brisés de fatigue, d'émotion et de faim se rue vers Sedan par Villers et Remilly. Le général de Wimpfen arrivé de Paris le 30 prend le commandement du Ve corps. Il essaie tant bien que mal de mettre un peu d'ordre dans cette masse immonde.
À son arrivée à Sedan, le Ve corps est dirigé vers le Vieux-Camp alors que le XIIe n'atteint Bazeilles qu'à l'aube du 31.

Durant la journée du 31 août, les généraux Ducrot, Douay, Lebrun et de Failly établissent tant bien que mal leurs divisions au nord-est de Sedan dans le triangle Floing-Illy-Bazeilles.

Combat de Bazeilles entre le Ier corps bavarois et le XIIe corps français.

Dans la matinée du 31 août, le Ier corps bavarois marche sur Remilly. Son avant-garde est accueillie par des coups de feu en provenance de la rive droite de la Meuse.
Un bataillon de chasseurs bavarois se jette dans Rémilly pendant que huit batteries occupent les hauteurs qui dominent la rivière et ouvrent le feu sur les troupes du  XIIe corps postées sur le viaduc de la voie ferrée. Le général Von der Thann voyant qu'il a devant lui tout un corps d'armée demande à ses troupes de ne pas pousser plus avant mais les chasseurs bavarois qui sont déjà sur la rive droite de la Meuse progressent et occupent Bazeilles.

Carte de la bataille de Sedan
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Maison de la dernière cartouche


La division d'infanterie de marine est composée de marsouins (fantassins) et de bigors (artilleurs). Elle est commandée par le général de Vassoigne et comprend deux brigades :
    • La première, sous le commandement du général Reboul, est formée du 1er régiment d'infanterie de marine de Cherbourg et du 4e régiment d'infanterie de marine de Toulon.
    • La seconde, sous le commandement du général Martin des Pallières, se compose du 2e régiment d'infanterie de marine de Brest, du 3e régiment d'infanterie de marine de Rochefort et de trois batteries du 1er régiment d'artillerie de marine de Lorient.

La division bleue (surnom venant de la couleur de son uniforme) est une composante du XIIe corps d'armée, sous les ordres du général Lebrun, lui-même rattaché à l'armée de Mac-Mahon.

Le général de Vassoigne reçoit l'ordre de tenir le village de Bazeilles qui couvre les accès sud-est de Sedan. La brigade Martin des Pallières reprend Bazeilles occupé par les Bavarois.  En représailles l'artillerie allemande se déchaîne sur le village et incendie 37 maisons.

Dans la soirée du 31, les points de passages sur la Meuse sont occupés par les Allemands et sont couverts par 84 pièces d'artillerie postées sur les hauteurs d'Aillecourt.
Après plusieurs tentatives infructueuses, l'ennemi supérieur en nombre et en artillerie réussit à reprendre pied dans la localité. De violents combats se développent dans la cité en flamme générant des pertes énormes des deux côtés ; le général Martin des Pallières est blessé au cours de ces affrontements.

Vers 16 heures, les marsouins de la 2e brigade ne tiennent plus que les lisières nord du village. La brigade Reboul gardée jusque là en réserve est engagée ; la localité est reprise dans la soirée après des combats acharnés.

La division bleue s'organise pour la nuit et place des grand-gardes dans le village sous les ordres du commandant Lambert. Constatant que les troupes du général Von der Thann se renforcent puissamment  pendant la nuit et s'apprêtent à lancer une attaque, Lambert organise ses positions et planifie une action surprise pour briser l'élan des Bavarois.
Le 1er septembre, au lever du jour, l'ennemi pénètre dans le village qu'il croit abandonné. 150 marsouins surgissant de nulle part le surprennent et le mettent en fuite. Bazeilles est repris pour la troisième fois.

Au même moment du côté de Sedan le maréchal Mac-Mahon est blessé à la fesse par un éclat d'obus. Le commandement de l'armée de Châlons est confié provisoirement au général Ducrot qui souhaite regrouper son armée et la replier sur le plateau d'Illy seule voie possible pour échapper à l'encerclement. Les défenseurs de Bazeilles sont sommés d'abandonner le village que l'ennemi s'empresse d'occuper.

Un peu plus tard, le général de Wimpffen, exhibant une lettre du ministre Palikao, revendique le commandement de l'armée de Châlons et, prenant le contre-pied des dispositions de son prédécesseur, prescrit la réoccupation des positions abandonnées. De Vassoigne obéit et lance ses marsouins à la conquête du village qui est repris une quatrième fois après une lutte acharnée qui génère des pertes énormes.

Le Ier corps d'armée bavarois renforcé d'une division supplémentaire et appuyé par une artillerie qui s'étoffe d'heure en heure reprend ses attaques qu'il combine à des manœuvres d'encerclement tandis que les incendies se multiplient dans le village.

Luttant à un contre dix, sous une pluie d'obus et dans la fumée âcre des incendies, les marsouins défendent pied à pied chaque rue, chaque maison, chaque pan de mur. Ils ne cèdent le terrain qu'au compte-gouttes infligeant à l'ennemi des pertes sévères. Les hommes sont épuisés et les munitions commencent à manquer.

Aux environs de onze heures, la division bleue submergée par l'ennemi se replie sur les hauteurs de La Moncelle.

Musée de la dernière cartouche à Bazeilles
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Vers midi, le général de Vassoigne fait sonner la retraite, car il estime que la mission est accomplie et qu'il est inutile de laisser mourir inutilement des hommes qui ont fait plus que leur devoir et qui peuvent encore rendre des services à la nation.
Pour protéger le repli de la division, un détachement de marsouins se porte à la sortie nord du village, dans l'auberge Bourgerie que le commandant Lambert a transformée en fortin. Cette auberge située à l'entrée de Bazeilles a pour enseigne "Vins, bière, eau-de-vie". Elle comprend deux corps de bâtiment contigus avec huit fenêtres à chaque étage et trois portes qui ouvrent vers l'Est. L'un des corps de bâtiment sert d'annexe.

Maison de la dernière cartouche à Bazeilles
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Impact de balle sur le cadran de l'horloge
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À droite de la partie habitation, se trouve une chambre avec un établi de menuisier au pied duquel s'étalent des copeaux de bois.
À gauche, un escalier permet d'accéder à la cave et une porte ouvre sur une chambre ou peut-être la cuisine éclairée comme à droite par une simple fenêtre.
Un escalier conduit au premier étage. En haut de l'escalier, à gauche du palier, est aménagée une chambre à coucher avec un plancher de bois brut, meublé d'un lit complet face à l'entrée, d'une commode et de quelques chaises. Près de la fenêtre, sous l'escalier qui mène au grenier est encastrée une petite garde-robe avec deux ou trois rayons et une porte vitrée.
À droite du palier, une chambre meublée donne accès à une troisième pièce équipée d'un lit dans une alcôve, de quelques chaises et d'un buffet armoire qui fait face à une grande horloge.
Dans chaque chambre des gravures sont accrochées aux murs et les fenêtres sont garnies de rideaux blancs unis.
Sur le palier une porte pleine fermant sur l'escalier donne accès au grenier.

Grenier et marines contre Bavarois
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La maison est rapidement mise en état de défense. Le rez-de-chaussée étant jugé impropre au combat, une soixantaine de marsouins et trois hommes de l'infanterie de ligne se répartissent au 1er étage et au grenier. Les trous pratiqués dans la toiture permettent d'apercevoir la ligne de tirailleurs prussiens. Plusieurs salves sont tirées en direction de ces derniers. La riposte est vive et immédiate. L'échange de tirs dure plus de vingt minutes et attire l'attention de l'artillerie ennemie qui pointe ses canons en direction de la maison.

Von der Thann ordonne à ses hommes d'encercler la maison. Son artillerie se déchaîne sur l'édifice. Les obus s'abattent sur la toiture, les marsouins évacuent le grenier. Au loin résonnent des claquements de chassepots preuve que l'on se bat encore dans Bazeilles. La toiture de l'auberge est en feu et l'air devient irrespirable dans l'édifice.
Von der Thann envoie ses sapeurs pour miner la maison et faire sauter ce bastion qui lui barre la route. Repérés par un sous-officier qui fait concentrer le feu sur cette équipe, les sapeurs stoppent leur action.

Combats de Bazeilles et dernière cartouche
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Les pertes bavaroises sont énormes, mais les défenseurs de l'ouvrage tombent les uns après les autres. Voyant son effectif fondre comme neige au soleil le commandant Lambert blessé à la jambe et incapable de marcher ordonne à ses officiers de se retirer avec le détachement vers le gros de la division en le laissant lui et quelques hommes pour couvrir leur retraite. Tous refusent unanimement de l'abandonner. Pendant plus de trois heures, les marsouins résistent face à un adversaire très supérieur en nombre et mieux armé.

Vers quinze heures, le capitaine Aubert tire la dernière cartouche. Les survivants cessent le combat . Pendant que les Bavarois approchent quatre pièces d'artillerie pour en finir avec cet obstacle, un conseil de guerre se tient dans les ruines de l'auberge. Le commandant Lambert ne voulant pas sacrifier inutilement les hommes qui sont restés avec lui leur propose de se rendre. Il fait monter les baïonnettes sur les chassepots et demande à ses compagnons de se tenir prêts à charger au cas où la reddition se passerait mal. Il accroche un rideau blanc à la baïonnette du fusil du sergent Poitevin et sort lentement de l'édifice. Il s'engage sous la tonnelle de houblons. Vingt aiguillons cherchent sa poitrine. Les marsouins s'apprêtent à surgir au moment où un capitaine bavarois, le capitaine Lissignolo du 42e régiment s'interpose.
Les vainqueurs reconnaissant la bravoure de leurs adversaires les épargnent et autorisent les officiers à garder leur sabre. Les vaincus sont envoyés en captivité à Neubourg et Ingolstadt.

Le général de Wimpffen veut encore tenter une percée vers l'est. Aux environs de 16 heures, il fait appel au général de Vassoigne et se joint à lui, épée en main à la tête des survivants dont il dispose.
Bazeilles est en grande partie repris, lorsque sur ordre de l'empereur, il fait mettre bas les armes.
La division bleue a perdu 2 655 hommes au cours de ce seul affrontement, mais a provoqué des pertes du double au moins chez un ennemi supérieur en armement et en nombre. Quarante Bazeillais trouvent la mort au cours des combats des 31 août et 1er septembre. Cent cinquante autres moururent des suites de leurs blessures dans les six mois qui suivirent la bataille. L'adversaire pour sa part a laissé sur le terrain plus de 5000 hommes, dont plus de 200 officiers.

CM des 19 Marsouins et monument des coloniaux à Bazeilles
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Ossuaire 1870 à Bazeilles
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Sources :

  • Wikipedia.org
  • Wikimédia commons
  • Défense.gouv
  • Theatrumbelli.com
  • Maison de la dernière cartouche
  • Gallica BNF "Français et Allemands"
  • Gallica BNF "Bazeilles ou les dernières cartouches"
  • l'Est Républicain
  • Photos Alain Cesarini
Mots-clés associés

Date de création : 05/11/2020 10:35
Catégorie : Conflits - Guerre de 1870-Bataille de Sedan
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