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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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Insurrection du 1er novembre 1954

La Toussaint rouge

Appelée parfois Toussaint sanglante, c'est le nom donné par les Français à la journée du 1er novembre 1954 au cours de laquelle le FLN manifeste pour la première fois son existence en commettant une série d'attentats sur le territoire Algérien alors sous administration française.
Cette journée est considérée comme le début de la guerre d'Algérie (1951-1962). La journée du 2 novembre a été soigneusement évitée par les  cadres du FLN pour ne pas tuer des gens le jour de mémoire des morts.

Soixante-dix attentats plus ou moins désordonnés sont perpétrés en une trentaine de points du territoire algérien avec une prédominance pour les Aurès et la Kabylie.

Ben Boulaid, Didouche Mourad, Krim Belkacem, Rabah Bitat, Ben M'Hidi, Mohamed Boudiaf
Mustapha_Ben_boulaid.jpg didouche.jpg Krim_belkacem.jpg rabah_bitat.jpg Ben_mhidi.jpg Mohamed_Boudiaf.jpg

1re zone (Aurès, Mostefa Ben Boulaïd)

À Batna

Plusieurs attaques sont lancées contre des bâtiments militaires dans le but de récupérer des armes. Quatre militaires français sont tués.

  • Mitraillage de la sous-préfecture
  • Attaque de la centrale électrique
  • Attaque des dépôts d'essence

À Khenchela

  • Sabotage du transformateur électrique
  • Attaque du commissariat
  • Attaque de la caserne de Spahis

A Biskra

Six bombes sont déposées à la gare et à l'usine à gaz.

À Arris

La ville est isolée. Les personnes qui tentent d'en sortir sont systématiquement mitraillées.

Attentat des gorges de Tighanimine sur la route Biskra-Arris.

L'attentat fait trois victimes ; le caïd Hadj Sadok et le couple d'instituteurs Guy et Janine Monnerot récemment mariés et venus de métropole la semaine précédente pour enseigner à Tifelfel, localité du douar de Ghassira.

Deux versions s'opposent dans le récit des faits ;

  • Celle d'Yves Courrière qui raconte que Mohammed Sbaïhi a tiré une rafale de pistolet mitrailleur en direction du caid qui avait sorti un révolver, touchant dans l'action les époux Monnerot.
  • Celle de Robert Aron qui dit que les fellaghas ont sorti de l'autocar les deux instituteurs pour les exécuter et qu'en s'interposant le caid Sadok a été touché par la rafale destinée aux deux Européens.

On ne sait pas quelle version créditer, mais la seconde est surprenante, car le mot d'ordre du FLN était de ne pas toucher aux civils européens.Toujours est-il qu'après cela, Bachir Chihani fait repartir le car avec ses passagers et Hadj Sadok, qui n'est que blessé ; en revanche, les époux Monnerot, blessés, sont laissés au bord de la route. Ils sont secourus seulement vers midi par un groupe venu d'Arris sous les ordres de l'ethnologue Jean Servier, qui arrive alors que Guy Monnerot est mort depuis peu.

Zone 2 (Constantinois, Mourad Didouche)

  • Attaque de la gendarmerie de Condé Smendou
  • Attaque de camps militaires au Khroub
  • Attaque de la mine de Sidi Makhlouf, récupération d'un important arsenal d'explosif et de détonateurs.

Zone 3 (Kabylie, Krim Belkacem)

  • Attaque de la mairie de Tizi N'Tleta
  • Sabotage des poteaux électriques et téléphoniques
  • Incendie des dépôts de liège et des hangars de stockage du tabac
  • Attaque des gendarmeries de Tigzirt, Rebval, Baghlia, Bordj Ménaiel, Drâa El Mizan, au camp du Maréchal-Tadmait.

Zone 4 (Algérois, Rabah Bitat)

À Alger

  • Sabotage de l'usine à gaz de l'EGA à Belcourt
  • Attaque de l'immeuble de la Radio au 10 rue Hoche
  • Sabotage aux pétroles Mory au port d'Alger
  • Sabotage du central téléphonique

Dans la Mitidja

À Blida
Introduction dans la caserne Bizot pour récupérer des armes mais le magasin est vide.

À Boufarik

  • Opération avortée à la caserne suite à un sabotage survenu trop tôt à proximité ; récupération des armes du poste de police.
  • Destruction d'un pont (2 heures trop tôt)
  • Incendie de la coopérative d'agrumes et du stock d'Alfa de l'usine Cellunaf.

Zone 5 (Oranie, Larbi Ben M'Hidi)

  • Attaque de la gendarmerie de Cassaigne faisant un mort, Laurent François, tué par balle.
  • Destruction d'un transformateur électrique à Ouillis
  • Attaques de fermes et installations de colons.

Les victimes décédées lors des attaques de la journée du 1er novembre 1954 sont :

Les musulmans

  • Ben Hadj Sadok caïd du douar M'Chouneche
  • Haroun Ahmed Ben Amar, agent de police

Les civils non-musulmans

  • François Braun, agent forestier, de Batna
  • Georges Samuel Azoulay, chauffeur de taxi à Oran
  • Laurent François, ancien militaire libéré depuis 6 mois, de Picard
  • Guy Monnerot, instituteur

Les militaires

  • Pierre Audat, soldat au 9e RC à Batna
  • Eugène Cochet, Brigadier-chef au 4e RA à Batna
  • André Markey, soldat au 4e RA à Khenchela
  • Roland Darneau, lieutenant à Khenchela.

La réaction française

Le 2 novembre, le ministre de l'Intérieur François Mitterrand déclare " La seule négociation c'est la guerre ". Le 12 novembre, il rappelle devant l'Assemblée nationale :

" l'Algérie, c'est la France, parce qu'il se trouve que les départements de l'Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu'au Congo, s'il y a quelque différence dans l'application de nos lois, partout la loi s'impose et cette loi est la loi française.  "

Le 12 novembre, Pierre Mendès France confirme devant l'Assemblée nationale

" Il n'y aura de la part du gouvernement ni hésitation, ni atermoiement, ni demi-mesure dans les dispositions qu'il prendra pour assurer la sécurité et le respect de la loi.
Il n'y aura aucun ménagement contre la sédition, aucun compromis avec elle, chacun ici et là-bas doit le savoir. À la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse car elle est sans injustice.
On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la Nation, l'unité, l'intégrité de la République. Les départements d'Algérie constituent une partie de la République française.
Ils sont Français depuis longtemps et d'une manière irrévocable. Leurs populations qui jouissent de la citoyenneté française et sont représentées au Parlement ont d'ailleurs donné dans la paix, comme autrefois dans la guerre, assez de preuves de leur attachement à la France pour que la France, à son tour, ne laisse pas mettre en cause cette unité.
Entre elles et la métropole, il n'y a pas de sécession concevable. Jamais la France, aucun gouvernement, aucun Parlement français, quelles qu'en soient d'ailleurs les tendances particulières, ne cédera sur ce principe fondamental.
J'affirme qu'aucune comparaison avec la Tunisie ou le Maroc n'est plus fausse, plus dangereuse. Ici c'est la France.
"

Les opinions publiques

Dans l'ensemble la violence de l'insurrection est condamnée par les durs du colonat, désapprouvée par les libéraux d'Algérie (comme Albert Camus), par le PCA qui compte parmi ses adhérents de nombreux musulmans et pieds noirs et même par les mouvements nationalistes algériens (MTLD et UDMA).

Les mesures adoptées

Arrestations

Globalement les autorités françaises ne savent pas grand-chose sur le FLN. Ils prennent pour cible le groupe le plus suspect, le MTLD qui est dissous le 5 novembre et 2000 militants sont arrêtés tant en Algérie qu'en métropole.

Quelques cellules du FLN sont démantelées par la police mais dans la plupart des cas elle a affaire à des lampistes. Ces mesures anti-MTLD sont d'ailleurs critiquées par Jacques Chevallier maire d'Alger.

Les mesures militaires

Très rapidement le gouvernement augmente les effectifs militaires qui passent de 56 000 à 83 000 hommes. Les renforts proviennent essentiellement de la 25e division parachutiste (colonel Ducournau) et des unités coloniales (goumiers et tirailleurs).
Les opérations militaires sont principalement axées sur l'Aurès en novembre-décembre. Malgré cela la région n'est pas pacifiée et la rébellion reprend en Kabylie en janvier 1955.

Les mesures politiques

Jacques Soustelle
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Le 12 décembre 1954, François Mitterrand annonce à l'Assemblée algérienne un projet de réformes.
Le 25 janvier 1955, le Gouverneur général Roger Léonard qui a toujours sous-estimé la fracture en Algérie et qui n'a pas su anticiper l'insurrection est démis de ses fonctions.

Roger Léonard, fonctionnaire loyal, sans méconnaître les dangers croissants de l’immobilisme, ne croyait pas possible de désarmer le nationalisme par de modestes réformes, et restait  convaincu que n’aborder le problème algérien que par la voie de réformes politiques c’est se condamner à ne pas le résoudre , si l’on entendait sauvegarder le caractère français de ce pays. 

Jacques Soustel est nommé Gouverneur général ce qui irrite profondément les tenants du statu quo. Homme de gauche, résistant, profondément gaulliste, il se rallie à la thèse radicale de l'intégration. Mal accueilli à son arrivée le 15 février 1955 par les pieds-noirs, il devient néanmoins un adversaire déterminé du  FLN. Le nom de Jacques Soustelle devient alors étroitement mêlé à la guerre d’Algérie.

Pour résoudre la crise algérienne, Mendès France dit vouloir un homme ouvert aux idées de progrès et inébranlablement déterminé à maintenir l'unité et l'indivisibilité de la République, dont fait partie l'Algérie.

Contre les colons et les indépendantistes musulmans, Jacques Soustelle prône l'octroi de la nationalité française pleine et entière à tous les habitants des trois départements.

Le gouvernement de Pierre Mendès France est renversé le 3 février 1955 sur sa politique algérienne. Soustelle est maintenu dans ses fonctions par le nouveau gouvernement Edgar Faure.

En construction

Sources :

  • Yves Courrère "Les fils de la Toussaint"
  • wikipedia.org
  • wikimedia commons
  • Herodote.net
  • Guy Perville

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Date de création : 05/02/2020 15:19
Catégorie : - Guerre d'Algérie-Guerre d'Algérie
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