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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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L'Algérie de 1945 à 1954

L'Algérie de 1945 à 1954

En construction

Après les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, le calme semble rétabli. Le ressort de Sétif est cassé. Tout espoir d'action directe est pour l'instant abandonné. C'est l'heure de la politique. Deux leaders la dominent, Ferhat Abbas et Messali Hadj. Deux hommes différents pour des politiques différentes. Ils n'interviendront pas dans le déclenchement de la guerre qui suivra la Toussaint 1954, mais ils en seront le catalyseur par leurs actions et leurs erreurs.

Messali Hadj est le plus dur et le plus violent contre les Français mais c'est Ferhat Abbas que les Français craignent le plus. Sa pensée et sa dialectique impressionnent.
Arrêté en mai 1945 et emprisonné pour son rapprochement avec le PPA, Ferhat Abbas est libéré en mars 1946. Ne se sentant plus à l'aise avec les hommes du PPA il prend ses distances avec ce mouvement. Il réunit ses fidèles au sein d'un nouveau parti, l'Union Démocratique du Manifeste Algérien. L'UDMA obtient 11 sièges aux législatives de juin 1946. Il est l'homme des intellectuels musulmans, des évolués et de la bourgeoisie.

Messali Hadj
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Il sait ce qu'il veut, ce qu'il exige il le dit avec modération et bon sens. C'est un homme avec qui les Français peuvent discuter. Son seul défaut, il s'emballe à la tribune, il veut tellement parler et convaincre que parfois ses propos dépassent ses pensées. Le peuple qui lui apporte cette victoire aux législatives ne se sent pas proche de lui mais il est impressionné. Le PPA dans la clandestinité et le MTLD encore embryonnaire ont permis ce succès de l'UDMA. Pour les Français d'Algérie en 1946 et pour un bon bout de temps Ferhat Abbas représentera le nationalisme algérien.

Ferhat Abbas
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Après l'interdiction du PPA par la France et son entrée dans la clandestinité, Messali Hadj fonde le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) en 1946. C'est au sein de ce mouvement que vont naître les cadres de la révolution algérienne. Lors du congrès du MTLD, une organisation paramilitaire est créée pour préparer la lutte armée. Elle prend le nom d'Organisation spéciale (OS). Messali Hadj en est le chef et il charge Mohamed Belouizdad de recruter les hommes et d'approvisionner les armes.

Si l'UDMA de Ferhat Abbas a gagné les législatives de 1946, en octobre 1947, le MTLD de Messali rafle la plupart des villes aux élections municipales. Il faut dire que Messali est très populaire et qu'il rassemble de nombreux auditeurs des basses couches de la société algérienne. Son programme annonce la couleur ; "élection d'une assemblée constituante algérienne souveraine au suffrage universel sans distinction de race ou de religion."
Dès lors, la répression officielle va s'abattre sur les membres du MTLD. Cette répression va avoir pour conséquence essentielle le regroupement des éléments les plus durs du mouvement pour préparer la révolution. Ceux-ci ont balayé d'un revers de manche le défaitisme et le découragement face à l'action qui règne même au sein du MTLD.
Si Messali est conseillé par le secrétaire de la ligue arabe et s'est décidé à jouer le jeu parlementaire, eux constatent dans cette répression contre le MTLD naissant que les moyens politiques ne suffiront pas.
À Alger des hommes discutent et concluent qu'il faut doter le MTLD d'un instrument révolutionnaire. Ces hommes sont Mohamed Belouizdad, Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed, Ali Mahsas.
 
Naissance de l'Organisation Spéciale (OS)

  Pendant que Krim Belkacem organise la Kabylie en créant des cellules prêtes à l'action et en entraînant les hommes aux techniques de la guérilla, le congrès clandestin du PPA crée l'instrument révolutionnaire. L'organisation   spéciale (OS) sera l'embryon de la révolution de 1954. L'âme du mouvement est Mohamed Belouizdad. Il a 21 ans et il est instruit. Il contacte et réunit les hommes dont il est sûr. Il organise l'OS suivant la technique pyramidale ; un chef connaît trois hommes qui contactent et organisent chacun trois autres hommes en section. Chaque section ne connaît ni les autres sections ni les chefs de ces autres sections et encore moins le grand chef. Il est ainsi impossible de remonter la filière. Cette technique prévaudra pendant toute la guerre dans les réseaux urbains.
La guerre et le débarquement américain ont laissé des quantités d'armes importantes sur le continent. Le trafic bas son plein. Le découpage du territoire en zones, régions, secteurs et groupes auquel a procédé le MTLD sert aussi à l'OS qui adopte le même fractionnement.

Mohamed Belouizdad et Krim Belkacem
MohamedBelouizdad.png Krim_belkacem.jpg

Un timide train de réformes est mis en place par le gouvernement français.

Élection à l'assemblée algérienne les 4 et 11 avril 1948

Au mois de septembre 1947, la loi sur le statut de l'Algérie est promulguée. Il doit donc être appliqué. Sans être révolutionnaire, ce statut peut détendre les relations qui existent entre Européens et une fraction du peuple musulman. Il faut rappeler que l'Algérie est composée de trois départements français. Un gouverneur général nommé par Paris représente le gouvernement central.
L'assemblée sera constituée de 60 représentants du 1er collège (Européens et musulmans assimilés) et de 60 représentants du 2e collège (le reste de la population algérienne).

C'est la panique chez les dirigeants européens qui réussissent à faire dépendre ce statut d'un vote à l'assemblée. Il suffit donc que la majorité de l'assemblée soit dévouée à certains groupes européens pour que le tour soit joué et que le statut ne soit jamais appliqué.
Le vote des 4 et 11 avril 1948 va marquer une grande victoire de la colonisation et une grande humiliation pour les hommes qui espéraient encore un règlement pacifique et qui vont plonger dans l'action révolutionnaire. Il faut dire que toutes les combines d'un scrutin truqué ont été utilisées ; bourrage d'urnes, déploiement militaire autour des grandes villes, non-convocation d'électeurs, répression contre les boycotteurs, etc. Certains candidats sont élus avec 102% des voix. Sur soixante sièges au deuxième collège de l'Assemblée algérienne en 1948, le MTLD en remporte 10 et l'UDMA de Ferhat Abbas huit en dépit de toutes les difficultés mises sur leur chemin.

En 1949, Mohamed Belouizdad meurt de la tuberculose à Paris. Il est remplacé à la tête de l'OS par Aït Ahmed puis par Ben Bella. Quelques attentats sans importance et quelques hold-up sont organisés par cette organisation. La guerre berbere-arabe bat son plein pour le leadership de la révolution. La police française compte les points et se réjouit de cette situation d'auto-régulation.

Amhed Ben Bella
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En 1950, l'OS est démantelée à la suite des révélations d'un de ses membres mis en disgrâce. Le commissaire Costes, chef des renseignements généraux d'Alger arrête et emprisonne les principaux membres de l'organisation.

Les durs en prison ou en fuite, les élections législatives de 1951 vont pouvoir se dérouler tranquillement. Il faut dire que la technique de fraudes a été considérablement améliorée. On a sorti l'artillerie lourde pour décourager les candidats. Entre expulsion des candidats lors du dépouillement, interdiction des réunions politiques, circulaires-conseils données aux caïds, aux maires et aux administrateurs, pressions sur les administrés avec menaces, la partie était gagnée d'avance.
Le soir des élections, on exulte chez les Européens et on rage chez les musulmans du peuple. Aucun candidat MTLD ou UDMA ne s'est présenté. L'administration triomphe.

Quelques semaines plus tard, le MTLD, l'UDMA,l'Association des Oulemas et le PCA publient un mot d'ordre dans lequel il réclame la liberté de vote, la fin de la répression et l'amnistie des prisonniers politiques. La réponse du président de l'Assemblée algérienne aux bons musulmans est on ne peut plus méprisante : "Braves gens, ne suivez en aucune manière un mot d'ordre qui, s'il est obéi, ne saurait que créer une confusion pénible pour tous ceux qui ne désirent que la paix bienfaisante".
Dix-huit mois plus tard, le MTLD sortira vainqueur de l'élection municipale d'Alger, deuxième collège. Mais peu à peu le MTLD va se désagréger. Messali est assigné à résidence en métropole et son lieutenant Hocine Lahouel prend les commandes du mouvement ce qui n'est pas sans irriter le vieillard.

En mars 1954, le mouvement se scinde en deux. Il y a d'une part les partisans de Messali Hadj et de l'autre ceux de Lahouel. La majeure partie des membres du mouvement se tournent vers Messali. Les durs n'ont plus d'espoir de voir le peuple participer activement à la vie politique de l'Algérie. Ils décident de créer un nouveau mouvement.
Le 23 mars 1953, le Comité Révolutionnaire d'Unité et d'Action (CRUA) est créé par deux anciens de l'OS, Mostefa Ben Boulaid et Mohamed Boudiaf et par deux centralistes Mohamed Dekkli et Ramdhane Bouchbouba.

Mohamed Boudiaf et Mustapha Ben Boulaid
Mohamed_Boudiaf.jpg Mustapha_Ben_boulaid.jpg

Sources :

  • Yves Courrère "Les fils de la Toussaint"
  • wikipedia.org
  • wikimedia commons
  • Herodote.net

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Date de création : 04/12/2019 13:53
Catégorie : - Guerre d'Algérie-Guerre d'Algérie
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