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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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Diên Biên Phu

Attention ! La bataille de Diên Biên Phu est rédigée sur deux pages distinctes. Cliquez sur "L'assaut final" au bas de cette page pour lire la suite des combats.

La bataille de Diên Biên Phu

La bataille de Diên Biên Phu est la dernière grande bataille de la guerre d'Indochine. Elle oppose les forces de l'Union française au Viêt Minh dans ce qui est maintenant le nord Vietnam.
Occupé par les Français en novembre 1953 ce secteur devient le théâtre d'une violente bataille au printemps 1954.
Les troupes du corps expéditionnaire français (unités françaises, coloniales et indigènes) sont commandées par le colonel de Castries qui deviendra général durant la bataille.
Les troupes Viêt Minh sont menées par le général Giap. La bataille se conclut par une défaite française et par une reddition.
Ce revers des forces françaises accélère les négociations engagées à Genève pour le règlement des conflits en Asie (Corée et Indochine).
La France quitte la partie nord du Vietnam après ces accords qui partagent le pays de part et d'autre du 17e parallèle.

Prologue

À partir de 1946, la France engage des moyens importants pour combattre le Viêt Minh. Les généraux se succèdent sans réussir à stopper l'insurrection communiste.
En 1953, la guerre n'évolue pas en faveur de la France et le Viêt Minh qui occupe déjà une large portion du territoire du Laos continue sa progression vers le sud tant que les routes restent praticables.
À partir de la mi-1952, le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient tente de bloquer l'avancée des troupes du Viêt Minh vers le Laos.
Les Français avaient commencé à renforcer leurs défenses dans la région du delta de Hanoï pour préparer une série d'offensives contre les zones de regroupement Viêt Minh au nord-ouest du Vietnam.
Ils avaient fortifié les villes et installé des avant-postes dans la zone, jusqu'à Lai Chau près de la frontière chinoise au nord, Na San à l'ouest d'Hanoï, et la plaine des Jarres dans le Nord du Laos.

En 1953, Henri Navarre est nommé commandant en chef des forces de l'Union française en Indochine. Sa mission est simple : créer les conditions militaires qui permettront d'amener une solution politique en mettant la France en position de force.
En arrivant sur place, Navarre constate qu'il n'y a aucun plan offensif de prévu et que les forces de l'Union française se limitent à des actions défensives.
Il décide tout en continuant les opérations défensives ponctuelles, de créer un second camp à Diên Biên Phu pour couper la route du Laos au Viêt Minh.

Diên Biên Phu se trouve en pays thaï, à 250 kilomètres au nord d'Hanoï dans une plaine couverte de rizières et de champs, avec une rivière, la Nam Youn, qui la traverse.
C'est le seul endroit plat à des centaines de kilomètres à la ronde, avec une altitude moyenne de 400 mètres.
L'habitat, essentiellement composé de maisons sur pilotis, est dispersé. La vallée comporte un ancien aérodrome aménagé par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale.
Il est orienté dans le sens nord-sud et dispose de deux pistes plus ou moins parallèles à la rivière.

La vallée, également orientée nord-sud, s'étend sur une longueur de 17 kilomètres. L'espace d'est en ouest s'échelonne de cinq à sept kilomètres.
À l'est et au nord-est se trouve une zone de petits mamelons grimpant progressivement vers des sommets boisés qui s'étagent entre 1000 et 1300 mètres.
La dénivellation entre la vallée et les cimes des montagnes varie de 600 à 700 mètres. Diên Biên Phu est relié au reste du pays par la route provinciale 41 (RP 41), qui conduit à Hanoï, et par une piste qui se dirige au nord vers la Chine, via Laï Chau, capitale du pays thaï.

En mai 1953, Navarre remplaçe Salan, qui rentre en France avec toute l’équipe du général de Lattre, sauf Cogny qui accepte de remplacer le général de Linarès au commandement des troupes du Tonkin, avec en récompense une troisième étoile. Cette promotion fait de Cogny le plus jeune divisionnaire de l’armée (49 ans). Le général Cogny propose le site de Diên Biên Phu à Navarre. Cependant, alors que Cogny envisage une base d’opération légère et mobile, Navarre y voit une forteresse imprenable. Cogny est l’un des nombreux officiers qui protestent contre cette nouvelle stratégie : « nous courrons le risque d’un nouveau Na San, mais en pire ». Ces protestations restent cependant sans effet. Tout au long de la bataille, Cogny et son supérieur Navarre sont en désaccord à propos de la disposition des forces entre Diện Biên Phu, le secteur de Cogny dans le delta du Tonkin, et l’opération Atlante de Navarre.

En réponse à une lettre de reproches de Navarre, le 29 mars, Cogny informe son supérieur qu’il ne souhaite plus continuer à servir sous ses ordres. Le calendrier de son départ n'est pas discuté à ce moment-là. Cogny garde son commandement jusqu’à la fin de la bataille, mais Navarre veut le limoger sitôt après celle-ci. La relation entre les deux hommes se dégrade d’autant plus que Cogny, depuis le début, tient des propos pessimistes voire défaitistes aux journalistes réputés que sont alors Lucien Bodard de France-Soir et Max Clos du Figaro, qui ne cessent de critiquer le général Navarre dans leurs articles. Le 2 mai, Navarre va jusqu’à menacer Cogny d’une enquête sur ses déclarations. Le 3 juin 1954, le remplacement de Navarre par Paul Ély, avec Raoul Salan comme adjoint militaire (Ély remplaçant aussi Dejean comme Haut commissaire en Indochine) permet à Cogny de rester à la tête des forces du Tonkin. De mai à juillet, il organise une défense efficace de celui-ci contre les assauts du Việt Minh. Son commandement prend fin en mai 1955 avec le retrait des dernières forces françaises du Tonkin, conformément aux accords de Genève du 20 juillet 1954.

Opération Castor

Le 20 novembre 1953, au matin, le général Navarre lance l'opération Castor. Le 6e bataillon de parachutistes coloniaux (6e BPC) commandé par le chef de bataillon Bigeard et le 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes (II/1erRCP)commandé par le chef de bataillon Bréchignac conquièrent la vallée de Diên Biên Phu.
Plusieurs autres unités parachutistes sont larguées en renfort dans l'après-midi et dans les jours suivants.

Opération Castor ; wikipedia.org
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Se trouvent notamment dans ces unités : le 1er BPC commandé par le chef de bataillon Souquet, le 1er BEP commandé par le chef de bataillon Guiraud, le 8e BPC commandé par le chef de bataillon Tourret et le 5e bataillon de parachutistes vietnamiens (5e BPVN) du chef de bataillon Bouvery.

L'ancienne piste d'atterrissage japonaise est rénovée par le Génie à l'aide d'un bulldozer parachuté. Le 25 novembre, le premier avion se pose à Diên Biên Phu.

Carte Diên Biên Phu ; wikipedia.org
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Pendant 4 mois une noria aérienne va acheminer hommes, matériel, armes et munitions dans le camp retranché. L'artillerie et les blindés sont démontés à Hanoï puis acheminés et remontés à Diên Biên Phu.
Peu à peu les unités parachutistes sont remplacées par les unités d'infanterie à l'exception du 1er BEP et du 8e BCP qui resteront au camp jusqu'à la fin des combats.
Le camp est aménagé avec des emplacements de combat, des fortins en bois et en tôle, un vaste réseau de tranchées, un champ de mines et un réseau de fil barbelé. Il n'a pas été jugé nécessaire d'apporter du béton pour renforcer les ouvrages.

Organisation défensive du camp retranché

Le camp est organisé autour de la piste d'aviation par où arrivent le ravitaillement et les renforts. Le centre principal de résistance est constitué de quatre points d'appui baptisés de noms féminins et installés autour de cette piste.

Colonel de Castries commandant du camp retranché
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  • À l'ouest de la piste le PA Huguette est tenu par le 1er bataillon du 2e REI (régiment étranger d'infanterie).
  • À l'est de la rivière Nam Youm le PA Dominique avec le poste Dominique 2 au point le plus haut du camp, est tenu par le 3e bataillon du 3e RTA (régiment de tirailleurs algériens).
  • Au sud de la piste, le PA Claudine comprend le PC opérationnel, les batteries d'artillerie et le groupe d'intervention GAP2 composé du 8e Choc et du 1er BEP (bataillon étranger de parachutistes).
  • Au sud-est de la piste sur les collines surplombant la Nam Youm, sous Dominique2, le PA Èliane est tenu par le 1er bataillon du 4e RTM (régiment de tirailleurs marocains).
Préparation du terrain
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Plusieurs postes avancés sont installés en couverture du centre principal.

  • Au nord-est le PA Béatrice est constitué de trois collines et est tenu par le 3e bataillon de la 13e DBLE.
  • Au nord, le PA Gabrielle est installé sur un piton allongé et est tenu par le 5e bataillon du 7e RTA.
  • Au nord-ouest, implanté sur un plateau, le PA Anne-Marie est tenu par des éléments thaïs.
PC du colonel de Castries
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Un point d'appui éloigné, Isabelle, est implanté à 5 kilomètres au sud du dispositif principal, le long de la Nam Youm.
Ètabli le 15 décembre 1953 par le 2e bataillon du 1er RTA, il est renforcé en janvier par un bataillon du 3e REI, par deux batteries d'artillerie de 105 du 10e RAC, un peloton de chars.
Commandé par le colonel Lalande, sa mission principale est d'appuyer de ses feux le centre de résistance principal.

Des postes déportés sont reliés aux différents points d'appui par un réseau de communication en partie enterré et protégé par des fils barbelés.
Trois zones de largage (DZ) sont aménagées entre les points d'appui au cas où la piste ne serait plus utilisable.
La garnison du camp compte près de 10 000 hommes.

Opération Castor
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Préparation Viêt Minh

De son côté le Viêt Minh achemine à dos d'homme et à vélo des canons et du matériel lourd en pièces détachées sur des pistes qu'il taille dans la jungle montagneuse et qui restent invisibles aux reconnaissances aériennes françaises.
Le général Giap aligne près de 70 000 hommes soit quatre divisions d'infanterie et une division d'artillerie. De plus, il compte sur 60 000 auxiliaires pour tracer les routes et pour transporter le matériel.
Il semble que les services secrets français étaient bien renseignés sur ces mouvements et qu'ils pensaient que l'artillerie vietminh qu'ils croyaient légère serait détruite par les contre-batteries françaises.
Personne n'a pensé que les canons viets seraient enfouis dans des grottes indécelables tout autour du camp retranché.
Le Viêt Minh envoie régulièrement des patrouilles pour tester les défenses françaises avant l'assaut. De leur côté les Français entreprennent des sorties mais ils s'aperçoivent qu'au-delà d'un certain périmètre ils ne peuvent plus avancer.
L'impression générale est que le camp retranché est totalement encerclé. L'état-major s'attend à un assaut massif.

Ordre de bataille de Diên Biên Phu

suivre ce lien  : ordre de bataille

Premiers assauts des 13 et 15 mars

L'attaque débute le 13 mars par une intense préparation d'artillerie sur le centre de résistance (CR) Béatrice situé le plus à l'est du camp et tenu par le III/13eDBLE (commandant Bégot).
Les services de renseignement avaient prévu cet assaut, mais la puissance de feu vietminh surprend tout le monde. Plusieurs milliers d'obus de tous calibres s'abattent sur le CR. Les abris en bois et en tôle sont pulvérisés.
Begot et ses adjoints sont tués dès le début du bombardement par un tir direct sur leur PC. La radio ne fonctionnant plus, il n'est pas possible de guider le tir des contre-batteries françaises.
L'assaut du Viêt Minh est donné par les 141e et 209e régiment de la 312e division. Les Viets surgissent des tranchées creusées à proximité du CR Béatrice. Sans cadres pour les diriger, les légionnaires se défendent comme ils peuvent souvent au corps à corps mais ils succombent sous le nombre.
Au milieu de la nuit, le centre de résistance Béatrice tombe. Comble de malheur, le lieutenant-colonel Gaucher commandant du sous-secteur centre est tué par un coup direct Vietminh dans son abri.

À l'issue de ce combat, les Français réalisent que le Viêt Minh a réussi à transporter des canons lourds (105 mm) alors que cela paraissait impossible vu la configuration du terrain.
Ni l'artillerie française, ni les bombardiers de l'armée de l'air pas plus que les chasseurs-bombardiers de l'aéronavale ne réussiront par la suite à faire taire les canons vietminh.
À la suite de cet échec, le colonel Piroth commandant l'artillerie du camp se suicide le 15 mars dans son abri.

Bataille du 13 au 15 mars ; wikipedia.org
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Le 14 mars deux régiments de la 308e division vietminh attaquent le CR Gabrielle selon la même technique que précédemment. Les Tirailleurs algériens du commandant Mecquenem contiennent l'assaut et obligent Giap à ordonner le repli de ses troupes.
L'attaque reprend dans la nuit avec des troupes fraîches de la 312e division vietminh après une grosse préparation d'artillerie. Le V/7eRTA est submergé par le nombre et est contraint d'abandonner la position le 15 au matin.
Les renforts composés de 6 chars du 1er RCC, d'éléments du 1er BEP et du 5e BPVN arrivent trop tard
Une polémique naîtra après cette contre-attaque manquée surtout à l'encontre du 5e BPVN parachuté la veille et n'ayant pas connaissance du terrain à qui on a reproché son manque de punch.

A l'attaque !
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Accalmie du 15 au 30 mars

Cette période est mise à profit par le Viêt Minh pour reconstituer et réorganiser ses troupes durement éprouvées, pour reconstituer son stock de munitions et pour aménager des tranchées en prévision de la deuxième offensive.
Côté français, le 6e BCP de Bigeard est parachuté le 16 mars sur le camp retranché.
Giap qui a perdu beaucoup d'hommes lors des attaques frontales des premiers PA décide de bombarder les points importants du camp en particulier la piste d'atterrissage qui devient rapidement inutilisable.
Le dernier avion décollera le 27 mars et la convoyeuse de l'air Geneviève de Galard se retrouvera bloquée dans le camp retranché où elle servira d'infirmière jusqu'à la fin de la bataille.
À la suite de plusieurs embuscades vietminh contre les troupes qui assurent la liaison avec le sous-secteur Isabelle placé au sud du camp retranché, ce dernier est finalement abandonné à son sort.
Le 28 mars, le 6e BPC, appuyé par le 8e BPC lance une contre-attaque vers l'ouest du camp retranché avec pour objectif de détruire les pièces de DCA du Viêt Minh qui gênent de plus en plus le ravitaillement par air.
L'opération est un demi-succès : à part des quantités importantes d'armement léger, elle n'a permis de capturer ou de détruire que peu d'armes lourdes (canons de DCA de 37 mm) et se solde par des pertes importantes.

Char M4 Chaffée
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Attaques du 30 mars au 4 avril

Giap donne comme objectif à ses hommes les collines assurant la défense nord et nord-est du centre principal. Dans la nuit du 30 mars, après une intense préparation d'artillerie la plupart de ces points d'appui tombent à l'exception d'Èliane 2 et 4.
La faible résistance opposée par le III/3e RTA sur Dominique 2 et par le I/4e RTM sur Èliane 1 crée une nouvelle polémique mettant clairement en cause la valeur des troupes nord-africaines dans ce combat.
Sur Èliane 2 le Viêt Minh se heurte à une farouche résistance des autres compagnies du I/4eRTM renforcées toute la nuit par des unités prélevées sur les autres bataillons et bien appuyées par l'artillerie d'Isabelle.
Au matin du 31 mars Èliane 2 tient toujours. Le Commandement français décide de lancer une contre-attaque pour reprendre les positions perdues ; le 8e BCP reprend Dominique 2 et le 6e BCP enlève Èliane 1.
Toutefois faute de troupes fraîches pour relever ces deux unités fortement éprouvées les positions reprises doivent être abandonnées.
Giap continuera ses attaques sur Èliane 2 jusqu'au 4 avril et accusera de lourdes pertes. Il renoncera à enlever ce point d'appui et réorganisera ses troupes.

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Bataille d'usure du mois d'avril

Les opérations d'encerclement et d'asphyxie autour du sous-secteur Huguette à l'ouest comme celui des collines de l'est se poursuivent durant le mois d'avril.
Les colonnes de secours au sol ne réussissent pas à atteindre le camp retranché et les bombardiers en tous genres de l'armée de l'air et de l'aéronavale gênés par une mauvaise météo ont beaucoup de mal à identifier leurs cibles.
Les bombes, le napalm et les roquettes déversés sur les crêtes ne réussissent pas à détruire les installations du Viêt Minh.
Les dix chars M24 Chaffée dont dispose la garnison du camp retranché sont totalement inefficaces dans une bataille de siège. Les contre-attaques limitées dans le temps sont menées par les seuls parachutistes qui ne peuvent dépasser les sommets des collines et qui ne sont pas ravitaillés.
Sans relève et sans répit, la garnison est épuisée. Les blessés valides sont réquisitionnés pour défendre la place. Les canons français sont chauffés au rouge et les actes de bravoure se multiplient.

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Suite des combats cliquer ici : L'assaut final

Sources :

Billbolus — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,

Plan de situation de la bataille de Dien Bien Phu (20 novembre 1953 - 7 mai 1954) BrunoLC - Own work

wikimedia CC BY-SA 3.0,

BrunoLC — Travail personnel, CC0,

Chemin de mémoire

wikipedia

Ecpad

Diploweb

Redstarminiatures.eu

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Date de création : 10/02/2019 09:33
Catégorie : Conflits - Guerre d'Indochine
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