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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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Camp de Natzweiler-Struthof

Le camp de concentration de Natzweiler-Struthof

Synopsis

Le camp de concentration (KL)(1) de Natzweiler-Struthof est implanté en Alsace annexée par les Nazis. C’est le seul camp de concentration établi en France en dehors des différents camps de kommandos externes qui lui sont rattachés. Il est installé au cœur d’une station touristique très prisée des Strasbourgeois avant la guerre dans laquelle on trouve un hôtel et des pistes de ski.

En septembre 1940, le colonel SS Blumberg, géologue, découvre une carrière de granite rose près du village de Natzwiller (Natzweiler en Allemand). L’exploitation de la pierre est confiée à la Deutche Erd und Steinwerke. L’extraction manuelle sera réalisée par des déportés.

En mai 1941, sur ordre du Reich-führer Heinrich Himmler et d’Oswald Pohl, chef de l'Office principal d'administration et d'économie de la SS (WVHA), un camp de concentration est ouvert à proximité du village pour exploiter la pierre au profit du Reich. Les détenus qui sont en charge de la construction du camp (dont certains proviennent du camp secondaire de Schirmeck) sont essentiellement des opposants politiques ou des résistants. La carrière se trouve à 800 mètres du camp et l’exploitation du granite débute le 14 mars 1942.

Fin 1942, plusieurs camps annexes en France et en Allemagne sont développés et réservés aux kommandos de travailleurs forcés, principalement en provenance des pays de l’est de l’Europe, dont une forte proportion de juifs. Près de 35000 déportés passeront par ces camps annexes.

Dans le KL Natzweiler, des expériences médicales sont effectuées sur les détenus pour expérimenter des vaccins ou pour tester leur endurance dans des conditions extrêmes.

En 1943, le camp est désigné pour regrouper les détenus suspectés d’avoir agi contre le Reich ou contre les forces d’occupation dans le cadre du décret « Nuit et Brouillard ».

Le nombre de morts dans le camp principal et dans ses réseaux externes est estimé à près de 20 000.

 

Porte d'entrée du camp de Natzweiler-Struthof ; ECPAD
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Choix du site pour implanter un camp de concentration en Alsace

Après l'Armistice du 22 juin 1940, l'Alsace et la Moselle sont annexées de fait par le IIIe Reich. Les départements alsaciens sont rattachés au  Gau (province) de Bade, la Moselle à celui du Palatinat. Des fonctionnaires du Reich arrivent pour diriger les administrations restées en place ; la monnaie et le droit coutumier germanique sont imposés. L'usage du Français est interdit.

Les "non Allemands" sont expulsés, de même que les Juifs envoyés vers la zone française non occupée. Les usines et les mines de Moselle annexée sont "germanisées". À partir de 1942, les Alsaciens et les Mosellans sont astreints au service militaire obligatoire dans la Wehrmacht.

Après avoir repéré une carrière de granite rose en septembre 1940, les Nazis décident d’installer un camp de concentration près du village de Natzweiler au lieu-dit le Struthof. Le camp est officiellement ouvert le 1er mai 1941.

Dès le 21 mai, trois cents détenus en provenance du KL de Sachsenhausen arrivent sur les lieux et commencent la construction du camp et des voies d’accès.

À la fin de l’année, 539 détenus en provenance de Sachsenhausen, Dachau et Buchenwald sont enregistrés au camp de Natzweiler-Struthof qui n’est pas encore un camp d’affectation. Les détenus proviennent d’autres camps et sont des déportés de droit commun, politiques et asociaux.

Le 15 août 1942, Natzweiler devient un camp d’affectation ; les détenus peuvent lui être directement affectés par les services de police nazis. Les effectifs augmentent rapidement et les premiers kommandos sont envoyés en camps externes. Le camp s’agrandit, l’exploitation du granite ralentit et laisse place à la réparation de moteurs d’avions pour les besoins de la guerre. La dégradation de la situation militaire de l’Allemagne va modifier considérablement la mission des KL.

En août 1943, le camp est équipé d’une chambre à gaz dans le but de procéder à des expériences médicales. À la fin de cette année, le KL est achevé et les effectifs tournent déjà autour de 4400 détenus. Tous les pays d’Europe sont représentés. 35% de l’ensemble des prisonniers sont polonais ou soviétiques, moins de 22 % sont allemands et le reste vient d’Europe occidentale. Tous sont principalement des détenus politiques. 

En 1944, le nombre de détenus s’envole. Du 1er janvier au 31 août  23199 prisonniers sont enregistrés. Le KL de Natzweiler reçoit des convois de femmes pour ses camps annexes. Le KL sert essentiellement de camp de transition pour alimenter les nombreux camps externes qui lui sont rattachés. Prévu pour un effectif de 3000 déportés le KL souche compte environ 6000 prisonniers en 1944 et près de 80 kommandos externes répartis en Alsace, en Moselle et en Allemagne.

Au camp de Natzweiler, trois galeries sont creusées dans la roche et doivent à terme accueillir des ateliers mécaniques à l’abri des bombardements alliés. L’évacuation du camp à partir de septembre 1944 ne permet pas l’aboutissement du projet.

Fin août 1944, devant l’avancée des troupes alliées, l’organisme gérant les camps de concentration fait évacuer le KL de Natzweiler. L’évacuation se déroule au début septembre. Dans le même temps les camps annexes de la rive gauche du Rhin sont également évacués. La majorité des détenus est transférée à Dachau. Le 25 novembre 1944, une patrouille de la 3e USDI pénètre dans un camp totalement vide.

Vue sur le camp de Natzweiler-Struthof ; Signal Corps NARA
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Les camps annexes

Comme les autres camps de concentration, le camp de Natzweiler  administre des camps annexes au nombre d'environ 80, situés en  Allemagne, en Alsace annexée et, pour deux d'entre eux, en France occupée (Thil et Schirmeck). Ces camps dépendent du camp principal, où sont tenus les registres d'immatriculation et de décès.

Les camps annexes, créés dès 1942, sont exclusivement au service de la SS : les déportés construisent et entretiennent écoles et camps  d'instruction de la SS. Dans ceux qui sont créés à partir de 1943, les  déportés travaillent au profit de l'industrie de guerre nazie pour permettre à la Wehrmacht de faire face à ses revers sur le front de l'Est.

Les conditions de travail sont d'autant plus pénibles que la plupart  de ces camps sont enterrés dans des mines et des tunnels afin d'être à  l'abri des bombardements alliés. Le travail, la faim, l'absence de lumière et de soins provoquent de nombreuses épidémies ; la mortalité  peut atteindre 80 %.

Entre la fin mars et la fin avril 1945, l'évacuation de ces camps lors des marches de la mort cause le décès de 5 000 déportés.

Les détenus

Les premiers déportés du camp sont essentiellement allemands. Ce sont des prisonniers de droit commun, des asociaux, des Tziganes ou des politiques.

À partir de 1942, le camp accueille des déportés soviétiques et polonais puis des détenus en provenance des territoires annexés.

À partir de 1943, arrivent en grand nombres des résistants déportés en provenance de camps et de prisons en Europe. Dans le courant de l’année, les premiers détenus classés « Nuit et Brouillard » arrivent au camp.

Sur les 52 000 déportés enregistrés au camp, 50% sont de nationalité polonaise ou soviétique. Plus de 7000 français ont été déportés au KL de Natzweiler. Les déportés juifs représentent environ 11% du nombre total de détenus et sont principalement d’origine hongroise ou polonaise. La plupart arrivent en 1944 et tous sont affectés dans des camps annexes.

 

Camp du Struthof
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Les condition inhumaines de travail et de détention ainsi que les exécutions ont provoqué la mort de milliers de détenus. Le nombre de décès est estimé à 20 000.

Le corps des défunts était dans un premier temps incinérés dans un four mobile avant la construction du crématorium en octobre 1943. Tous les décès étaient enregistrés à la mairie du village sauf ceux des détenus classés « Nuit et Brouillard ».

 

Crématoire du Struthof
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L’évacuation des derniers kommandos du KL Natzweiler lors des marches de la mort a coûté la vie de près de 5000 déportés.

Vue sur le camp de Vaihingen camp annexe du Struthof ; ECPAD
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Les gardiens

Les premiers SS arrivent sur le site courant avril 1941. Ils prennent  leurs quartiers dans l'auberge du Struthof et dans la villa située à  moins de 100 mètres du futur camp.

Entre 1941 et 1945, au moins 2 200 hommes et femmes  ont servi à Natzweiler et dans ses annexes. Plus de 800 provenaient de la Wehrmacht. Les Kapos, détenus de droit commun, étaient chargés d’encadrer et de corriger si nécessaire les travailleurs déportés qu’ils dirigeaient.

Cinq commandants se succèdent à la tête du KL Natzweiler : Hans Hüttig (1941-1942), Joseph Kramer (interim), Egon Zill (1942), Joseph Kramer (1942-1944), Fritz Hartjenstein (1944-1945) et Heinrich Schwarz (1945). Ce dernier ne dirigera que les camps annexes de la rive droite du Rhin.

 

Camp du Struthof
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Les exécutions massives

À partir de 1942, le camp a servi de lieu d'exécution pour de nombreux résistants et prisonniers de guerre issus en majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par les juridictions nazies. Les exécutions de ce type  ne sont souvent pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile,  voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes.

Face à l'avancée des troupes alliées, les SS commencent à massacrer systématiquement certains détenus, particulièrement les résistants français, qui arrivent en grand nombre au camp du 31 août au 2 septembre 1944. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes) qui auraient été assassinés au Struthof.

Les expériences médicales

Dès 1941, des expériences médicales sont menées au KL Natzweiler. Certaines sont menées par le sinistre August Hirt, directeur de centre et professeur à l’université de Strasbourg après annexion de l’Alsace.

Chambre à gaz du Struthof ; Photo Flickr Rotdenken (Jules Rigobert)
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Ces expériences sont réalisées sur des cobayes humains (Tziganes essentiellement) pour mettre au point des traitements pour diverses pathologies (malade du typhus, maladies héréditaires, effets du gaz moutarde et du phosgène).

La chambre à gaz est également utilisée dans le cadre de recherches anatomiques. En juillet 1943, 86 juifs sont transférés d’Auschwitz à Natzweiler où il sont gazés à l’aide de sels cyanhydriques. Leurs cadavres sont transférés à l’institut d’anatomie pour mise à disposition.

 

Camp du Struthof
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Les déportés « Nuit et brouillard ».

Nuit et brouillard (Nacht und Nebel en allemand) est le nom de code des directives sur la poursuite pour infractions contre le Reich ou contre les forces d’occupation en territoires occupés. Elles sont l’application du décret du 7 décembre 1941 signé par le maréchal Kietel et ordonnant la déportation de tous les ennemis ou opposant du IIIe Reich.

En application de ce décret, il était possible de transférer en Allemagne les ressortissants des pays occidentaux occupés (France, Norvège, Pays-Bas et Belgique. Le Danemark et les pays de l'Est étant exclus du champ d'application des directives) représentant « un danger pour la sécurité de l'armée allemande » (saboteurs, résistants, opposants ou réfractaires à la politique ou aux méthodes du IIIe Reich) et à terme, de les faire disparaître dans un secret absolu.

La date d'arrivée des premiers détenus Nacht und Nebel à Natzweiler n'est pas connue. Cependant, les archives indiquent qu'il y avait déjà des NN dans le camp en mars 1943. Le 29, Kramer réprimande sévèrement le responsable du service postal pour ne pas avoir respecté les règles de secret à appliquer au courrier adressé aux détenus visés par le décret Keitel.

Libération du camp

Avec l’avance des troupes alliées le camp est évacué en début septembre 1944. Le 25, les installations du Struthof vidées de ses occupants, sont découvertes par les américains. Dans la presse paraissait, après la découverte des atrocités qui se sont déroulées dans le KL, la citation suivante : « Struthof, ici, on tuait avec les raffinements de la barbarie scientifique »

Le camp après la guerre

Dès le mois de décembre 1944, le Struthof devient un camp d’internement pour des civils allemands et des Alsaciens suspectés de collaboration pendant l’annexion. Fin 1945, le CI est transformé en centre pénitentiaire où sont incarcérés des collaborateurs jugés par la justice française.

Note :

1) Konzenstrationslager = KL ou KZ

Sources :

  • Cheminsdememoire.gouv.fr

  • Wikipedia.org

  • Wikimedia common

  • United States Holocaust Memorial Museum.  https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/natzweiler-struthof.  Accessed on [2023].

  • Signal Corps, NARA

  • ECPAD

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Date de création : 20/01/2023 13:48
Catégorie : Conflits - Guerre de 39-45-Occupation et collaboration
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