Bataille de Rezonville-Saint-Privat

Batailles de Rezonville et de Saint-Privat

Bataille de Rezonville ou de Mars-la-Tour

Après ses défaites successives en Alsace l'armée du Rhin se retire vers l'ouest en direction de Metz.
Le 12 août 1870, Napoléon III malade et impropre au commandement l'abandonne au maréchal Bazaine en lui recommandant bien de replier l'armée française sur Châlons-sur-Marne.
Bazaine n'est pas pressé de rejoindre Châlons, car ses troupes sont épuisées et il compte bien utiliser la puissante place de Metz pour livrer bataille.

Maréchal Bazaine
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Dans l'après-midi du 14 août, l'avant-garde de l'armée du général Steinmetz ayant repéré la retraite des troupes françaises, livre bataille dans la région de Borny. En infériorité numérique et craignant le feu de l'artillerie de la place de Metz, les Prussiens se retirent. Malgré cette défaite apparente, ils ont réussi à perturber la retraite de leur adversaire. Cette diversion a permis au prince Frédéric Charles, neveu du roi de Prusse, de progresser au sud de Metz et de traverser la Moselle à Novéant le 15 août.

À l'aube du 16 août, les troupes françaises sont échelonnées en profondeur. Alors que l'avant-garde occupe Vionville et que le QG est installé à Gravelotte, la droite de l'armée s'étend jusqu'à Saint-Privat. Les unités qui se sont battues à Borny sont encore plus éloignées.

Lors d'une reconnaissance d'un  escadron de dragons, le capitaine Oskar Von Blumenthal apprend que 50 000 Français ont quitté Metz la veille et se dirigent vers Mars-la-Tour par Gravelotte et Vionville. En fait, ce sont 127 000 hommes de l'armée Bazaine qui refluent vers Verdun et qui sont repérés par les reconnaissances prussiennes. Aussitôt prévenu le général von Alvensleben commandant le IIIe corps prussien décide de couper la retraite aux Français. Il installe quatre batteries d'artillerie à l'est de Tronville.
Vers 9h15, les batteries ouvrent le feu sur les avant-postes de la 3e division de cavalerie qui se trouvent au bivouac. Les convoyeurs civils qui accompagnent les militaires s'enfuient dans une cohue indescriptible.

Les Prussiens en profitent pour porter leurs batteries sur Vionville et tirer sur les troupes françaises au repos à Rezonville. Le IIe corps se met immédiatement en ordre de bataille entre Vionville et Flavigny. Il réussit à stopper en partie les cavaliers allemands, mais une division d'infanterie ennemie parvient à s'établir à Auconville.

Vers 10 heures, le VIe corps d'armée du général Canrobert est attaqué à Vionville et vers midi le IIIe corps du général Leboeuf entre en action. La bataille tourne en mêlée confuse, mais l'artillerie de Canrobert contient les assauts prussiens.

Le mouvement d'encerclement par les Brandebourgeois est arrêté net par le feu violent des Français. Pour reprendre l'avantage, les Allemands mettent en batterie plus de cent pièces d'artillerie qui écrasent Vionville et Flavigny sous un déluge d'obus. Les positions deviennent intenables, Vionville est abandonné à l'ennemi qui l'occupe dans la foulée. Malgré un bombardement soutenu du village par les canons français l'ennemi continue sa progression et refoule même la 2e division sur Rezonville. Le général Bataille est blessé grièvement au cours de ces combats.

Cependant le groupement des VIe, IVe et IIIe corps donne un avantage numérique aux Français. De plus, ces 3 corps d'armée sont renforcés par la Garde impériale massée devant Gravelotte et par la division de cavalerie Barail en position devant Bruville.
Sur l'aile gauche de l'armée française, la perte de Flavigny fragilise la situation du IIe corps. Un régiment de cuirassiers de la Garde envoyée par Bazaine charge les Allemands pour soulager les fantassins, mais décimés par le feu ennemi les cavaliers se retirent en désordre poursuivis par des hussards prussiens. Lors de cette attaque, le maréchal Bazaine échappe de peu à sa capture par les hussards qui l'entourent. Il est sauvé in extremis grâce à l'intervention des cavaliers français et des chasseurs à pied.

En début d'après-midi, Les Prussiens sont exténués et la bataille tourne à l'avantage des Français, mais des renforts allemands arrivent. La 12e brigade de cavalerie de von Bredow lance le 7e cuirs, le 19e dragons et le 16e uhlans dans la bataille pour museler l'artillerie de Canrobert. Les cavaliers démarrent des lignes prussiennes vers 14 heures et se ruent dans une course folle que l'histoire retiendra comme "la chevauchée de la mort de von Bredow". Couverts par le terrain et la fumée, les cavaliers ne sont détectés par les observateurs qu'au dernier moment créant ainsi un vent de panique chez les Français.
Le général Frossart lance à son tour les cuirassiers de la Garde impériale dans la mêlée.

Cette charge fantastique prussienne a réussi à neutraliser la cavalerie et à faire taire l'artillerie française, mais elle a coûté très cher à l'ennemi qui a perdu la moitié de ses cavaliers.

Charge du 9e chasseurs
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À la fin de la journée, les Français restent maîtres du terrain et les Allemands sont refoulés de toute part. En position de force, le Maréchal Bazaine a le choix entre poursuivre le combat le lendemain avec notamment l'appui de renforts venus de Metz ou se replier par Verdun sur Châlons. Il opte pour une troisième option tout à fait inattendue celle de concentrer tous ses corps sur le flanc ouest de Metz pour faire le plein en vivre et en munitions. Il laisse ainsi le champ libre aux Prussiens qui vont progresser vers le nord-ouest et lui couper la route de Verdun.

La bataille de Rezonville qui opposait 136 000 Français à 96 000 Allemands a causé la perte de plus de 32 000 hommes.

Bataille de Mars-la-tour

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carte Saint-Privat_Gravelotte

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Bataille de Saint-Privat/Gravelotte

Le choix du maréchal Bazaine de recentrer ses troupes à l'ouest de Metz au lieu de poursuivre le combat ou de se replier sur Châlons permet à l'ennemi de couper de l'armée du Rhin du reste de l'armée française et de se renforcer.
Adossées aux forts de Saint-Quentin et de Plappeville où Bazaine installe son QG, les troupes françaises s'étalent de Sainte-Ruffine à Roncourt. Des tranchées et des fosses sont creusées pour dissimuler les canons notamment à Amanvillers. Les fermes isolées du Point-du-Jour, de Saint-Hubert, de Moscou, de Leipsick et de la Folie sont transformées en véritables places fortes.

Les unités françaises se répartissent comme suit du sud au nord :

  • IIe corps du général Frossard, fermes de Bellevue et du Point-du-Jour, voie romaine et bois de Châtel-Saint-Germains,
  • IIIe corps du général Le Boeuf, entre Point-du-Jour et Montigny-la-Grange,
  • IVe corps du général Ladmirault, entre Montigny-la-Grange et Amanvillers et le long de la route Moulins-Saint-Privat,
  • VIe corps du général Canrobert, forêt de Jaumont à Roncourt, Saint-Privat, Hameau de Jérusalem,
  • La Garde impériale est placée en réserve au col de Lessy entre les forts de Saint-Quentin et de Plappeville.

Le VIe corps situé à l'aile droite du dispositif défensif présente quelques faiblesses que Bazaine n'a pas jugé bon de renforcer. Canrobert ne possède pas de parc d'armée ni de réserve du génie qui aurait permis de renforcer son flanc découvert par des ouvrages défensifs. Son artillerie est par ailleurs très faible alors que sa position aurait nécessité de la renforcer.
La Garde impériale dont la moitié des effectifs n'a pas encore été engagé et la réserve d'artillerie se trouve à deux heures de marche du point le plus exposé. Elles ne seront pas employées jusqu'à la fin de la bataille.
Aucun des généraux n'a connaissance de la situation stratégique de l'armée du Rhin, le commandant en chef s'étant bien gardé comme à son habitude de communiquer le moindre renseignement à ses subalternes.


Côté allemand, la répartition est la suivante :

  • VIIe corps du général von Zartrow, à Gravelotte,
  • VIIIe corps du général von Goeben, à Villers-aux-Bois,
  • IXe corps du général von Manstein, à Vernéville,
  • IIIe corps du général von Alvensleben, vers Saint-Marcel.

Le XIIe corps se trouve à Jarny et le corps de la Garde à Doncourt. Le Xe corps se tient en réserve à Jouaville et le IIe est positionné sur la rive est de la Moselle.

Helmut von Moltke
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Les forces en présence tournent à l'avantage des Allemands : 209 000 hommes et 732 canons contre 131 000 hommes et 520 canons pour les Français.

Le 18 août 1870, à 8 heures, von Moltke fait déplacer la Ire armée de Von Steinmetz et la IIe armée du prince Frédéric Charles en un mouvement d'encerclement de l'armée française.
Un peu avant midi, von Manstein ouvre les hostilités devant le village d'Amanvillers avec l'artillerie de la 18e division. Les Français contre-attaquent en force, mais sont stoppés par le feu massif des canons allemands. La 18e division ennemie occupe Vernéville et se livre à un duel d'artillerie pendant que le VIIIe corps marche sur Gravelotte.

Vers 14h30, le général Steinmetz contre les ordres de von Moltke lance une attaque sur l'aile gauche avec sa Ire armée. Par deux fois elle est repoussée par les tirs puissants de l'adversaire. Les Français contre-attaquent et dispersent les VIIe et VIIIe corps, mais von Moltke réussit à éviter la percée en engageant ses dernières réserves.

À 16 heures, un assaut allemand sur tout le front est repoussé, mais au prix de lourdes pertes. La cavalerie du général Barail envoyée par Canrobert à Roncourt est écrasée par l'artillerie ennemie.

À 16h50, la IIe armée du prince Frédéric Charles lance une offensive sur Saint-Privat occupé par les hommes de Canrobert. Les troupes prussiennes sont repoussées, mais les positions françaises sont anéanties par l'artillerie allemande. Canrobert demande désespérément des renforts à Bazaine, mais ne les obtient pas. Ce dernier estime les combats de Saint-Privat comme mineurs et refuse d'engager ses réserves pourtant nombreuses.

Von Moltke en profite pour engager son infanterie qui se fait étriller ; en 1/2 heures, 240 officiers et 6500 soldats vont tomber. La cavalerie française tente une sortie, mais elle se fait à son tour repousser par l'artillerie adverse.

Général Bourbaki
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À 18h30, Les Allemands stoppent leur offensive dans le secteur, les troupes de Saxe n'étant pas arrivées en renfort. Plus au sud, les fermes fortifiées de Moscou et de Saint-Hubert sont attaquées par une division prussienne. Avançant au pas, en rangs serrés, drapeau et musique en tête, ils sont facilement arrêtés tout comme le sont les troupes envoyées à l'assaut du Point du Jour. La violence des combats vaudra à l'endroit le nom de ravin de la Mort.

À 20 heures, le XIIe corps allemand déborde sur l'aile droite . Le VIe corps français est contraint de se replier suivi du IVe corps sous la protection de la Garde impériale du général Bourbaki arrivée en renfort. Ce dernier refuse de lancer une contre-attaque, car il considère ce repli comme une défaite de son camp.

Pourtant les combats continuent. Alors que 26 batteries canonnent Saint-Privat, les XIIe et XXe corps allemands renforcés des Saxons soit 100 000 hommes partent à l'assaut du village.

Vers 22 heures, la nuit tombe et les combats cessent après un corps à corps sanglant. Les hommes se sont même battus dans le cimetière du village qui entourait l'église en flamme.

Le lendemain, plutôt que de reprendre le combat, le maréchal Bazaine donne l'ordre à l'armée du Rhin de se replier dans Metz.

Les Prussiens achèvent l'encerclement de Metz le 20 août en coupant le télégraphe et la voie ferrée Metz-Thionville.

Combats dans le cimetière de Saint-Privat
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Sources :

wikipedia.org
wikimedia commons
l'Est Républicain
GALLICA BNF

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Date de création : 05/10/2020 18:35
Catégorie : - Guerre de 1870
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