Bataille des Frontières (suite1)

Bataille de la Meuse

Dans la nuit du 25 au 26 août, une grande partie du 4e corps est passée sur la rive gauche de la Meuse en utilisant les ponts de Dun et de Vilosnes.

Le 26 au matin, quelques éléments de la 8e division forment une arrière-garde et tiennent la rive droite du bois de Murvaux à Brandeville et Bréhéville. La cavalerie du 5e corps constate que ces derniers villages ont été évacués par le 4e corps. Sur ce renseignement, le général Micheler décide de replier le 5e corps sur la rive gauche de la Meuse. Le mouvement commence à 3 heures. Les 10e et 9e divisions qui tiennent Réville et Ecurey par de fortes arrière-gardes se dirigent respectivement sur Sivry par la ferme Sillon-Fontaine et sur Vilosnes par Haraumont.

L'artillerie de corps franchit immédiatement la Meuse et s'établit sur la rive gauche pour couvrir le passage des colonnes. Les ponts seront détruits dès que les derniers éléments auront traversé.

Le commandant de la IIIe armée prescrit au général Micheler de suivre la situation du 6e corps pour orchestrer son repli. De la même façon, les généraux Sarrail et Ruffey sont autorisés à replier leurs troupes quand ils jugeront cela convenable.

La 8e division cantonne vers Aincreville, Bantheville et Romagne. La 7e division se porte sur Cunel et Épinonville. Les arrière-gardes établies sur les hauteurs de la rive gauche, de la côte de Châtel et à Brieulles, reçoivent pour mission de recueillir les fractions laissées sur la rive droite et d'empêcher l'ennemi de franchir la Meuse et d'y jeter des ponts. Elles résisteront sur la ligne : cote324-Babiemont-cote 299-bois de Forêt en se reliant au 2e corps vers Mont-devant-Sassey et au 5e corps vers Brieulles.

L'artillerie du 5e corps assure la surveillance et la défense des côtes de Brieulles à Dannevoux tandis que l'arrière-garde tient les têtes de pont de la rive droite et qu'une flanc-garde occupe Haraumont.

Le 26 août, la 9e division cantonne à Nantillois et Septsarges et la 10e division à Cuisy et Malancourt.

Le 6e corps qui a déjà pris des dispositions pour faciliter son passage se replie aussitôt qu'il en reçoit l'autorisation. Les derniers éléments franchissent la Meuse à Charny vers 19 heures. En fin de journée, les avant-postes du 6e corps bordent la rive gauche depuis Dannevoux jusqu'à Marre.

Le 26 au soir, toute la IIIe armée s'est repliée sur la rive gauche de la Meuse. Le 4e corps occupe la zone Doulcon-Romagne-Brieulles, le 5e corps celle de Vilosnes-Montfaucon-Dannevoux. Les ponts sur la rivière et le canal entre Dun et Consenvoye sont tous détruits.

Dans la matinée du 26 août, Joffre a spécifié que les instructions générales adressées la veille ont pour but de coordonner les mouvements des différentes armées en cas de recul imposé par l'ennemi, mais qu'elles ne constituent pas un ordre de retraite. En particulier, elles n'envisagent pas l'abandon immédiat de la ligne de la Meuse qui doit au contraire être utilisée pour arrêter l'adversaire et permettre aux troupes de s'y reconstituer.

En coordination avec la IVe armée qui défend le passage de la Meuse au nord de Wiseppe, Ruffey ordonne à ses troupes de surveiller la rivière depuis Wiseppe jusqu'à Verdun. La rive gauche de la Meuse est organisée défensivement, les batteries d'artillerie de campagne et lourde sont en position.

Le 28 août, d'importantes colonnes ennemies de toutes armes sont signalées en direction de Sassey, Dun, Vilosnes et Sivry. On s'est battu la veille dans la région de Stenay et la IVe armée prépare son évacuation. L'ennemi a en effet traversé la rivière à Donchery et menace de la contourner.

Le 29 août, dans l'après-midi, l'artillerie ennemie ouvre un feu violent sur le front Montigny-Mont-devant-Sassey-Dun. La 8e division prise en enfilade par ce bombardement se replie sur Bantheville. Aucune attaque d'infanterie ne s'est cependant produite sur le front du 4e corps. Une contre-attaque est programmée pour le lendemain avec l'objectif reprendre Villers-devant-Dun tombé entre les mains de l'ennemi.

Bataille de Brandeville-Murvaux à découvrir sur le site 1ber.free.fr

Le 30 août au matin, le général Ruffey précise les conditions de développement de cette contre-attaque :

  • Le 6e corps se maintiendra sur son front et repoussera toute tentative ennemie sur Vilosnes et Sivry avec l'aide des troupes mobiles de la place de Verdun.
  • Le 5e corps tiendra son front et aidera la droite du 4e corps avec son artillerie qui agira sur Villers-devant-Dun et sur les batteries lourdes de l'ennemi.
  • Le 4e corps attaquera Villers avec sa 8e division et portera sa 7e division sur Rémonville pour tenir la lisière nord du bois de Barricourt et pour appuyer le mouvement de la 8e division.

Dans la foulée, la 8e division se porte sur Villers et envoie un détachement sur Doulcon pour se lier avec le 5e corps. Villers est atteint sans incident, le général Boëlle prescrit à la division de tenir la côte de Châtel, Mont-devant-Dun et Montigny en liaison avec la 7e division.

De nombreuses unités allemandes sont signalées à Dun, Sassey et Doulcon. De fortes colonnes ennemies sont repérées en direction de Beaumont et de Jametz. Dans la soirée, la 8e division dépasse Villers après avoir refoulé l'ennemi devant elle, et tient Montigny et Mont. À la tombée de la nuit, elle réoccupe Doulcon.

Les fractions du 5e corps qui avaient contre-attaqué sur Doulcon ont dû se replier au sud de Cléry-le-Grand, dans les bois à l'est de la Fontaine de Germéville et vers la cote 299. La droite de la 9e division installée au bois de Forêt et à Brieulles n'a pas été inquiétée autrement que par un bombardement intermittent. Elle reste sur ses positions.

Le 6e corps n'a pas été attaqué. Il n'a devant lui que la 27e division du 13e corps allemand et une unité de cavalerie.

Dans l'après-midi, Sarrail prend le commandement de la IIIe armée et confie le 6e corps au général Verraux. Aussitôt promu, Sarrail ordonne au 4e corps et à la 10e division de tenir la lisière du bois de Folie, Nouart, Halles, Beauclair et Mont-devant-Sassey, positions qu'ils doivent tenir à tout prix.

Dans la soirée, Sarrail détaille son ordre d'opération pour le lendemain :

  • La 9e division se maintiendra en face de Doulcon et de Dun.
  • La 10e division restera en position face à Vilosnes et Sivry.
  • Les batteries d'artillerie lourde seront mises à la disposition des 5e et 6e corps.
  • La 8e division se maintiendra à la lisière nord des bois avec des éléments avancés vers Beauclair.

Le 31 août, la 8e division est prise à partie par des forces ennemies très importantes qui ont traversé la Meuse à Saulmory et à Dun. Elle résiste sur le front de Montigny, Mont-devant-Sassey, des fermes Jupille et Brières, de Doulcon et des bois environnants. Après un bombardement violent, Montigny et Mont tombent successivement entre les mains de l'ennemi. La gauche de la division reporte alors la lutte dans les bois en arrière de ces points. À droite, deux régiments allemands ont pris pied sur la côte de Châtel mais Doulcon tient toujours. En fin de journée des avant-postes sont établis au nord de la route de Villers-devant-Dun.

Stèle de l'ancienne fosse commune au-dessus de Mont-devant-Sassey
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La 9e division du 5e corps a ramené le 31 au matin ses avant-postes en bordure de la Meuse, de Brieulles à Doulcon où ils se lient au 4e corps. Vers 11 heures, le général Micheler craignant que les Allemands ne cherchent à prendre à revers la droite du 4e corps, prescrit à sa brigade de gauche de s'opposer de front et de flanc au débouché de l'ennemi par Dun, que toute l'artillerie disponible devra battre.

Au 6e corps, la 12e division ne signale qu'une canonnade continue sur tout le front de Brieulles à Gercourt. La 40e division envoie une brigade de Malancourt à Romagne. Là, elle reçoit l'ordre de se porter dans la région des Grands Carrés, ferme de la Bergerie, au nord-ouest de Bantheville, et d'y constituer un repli pour le 4e corps.

Les progrès allemands dans la région de Montigny et Mont conduisent le 4e corps à se replier sur Villers-devant-Dun, Andevanne et les Tuileries. Le général Sarrail ordonne au général Durant d'attaquer avec les trois divisions qui opèrent sur la rive droite. Aucun mouvement de repli n'est consenti.

Des reconnaissances aériennes signalent des forces ennemies importantes sur la rive droite de la Meuse. De nombreux rassemblements avec de l'artillerie lourde dans la région boisée entre Haraumont et Liny-devant-Dun sont aperçus ainsi que des colonnes en marche de Bréhéville à Haraumont et sur la route de Louppy à Murvaux. Enfin des parcs et des ponts de bateaux sont repérés à Stenay et à Lion-devant-Dun. L'aviation confirme la présence de troupes nombreuses d'infanterie vers la ferme Solférino, autour de Damvillers, Brandeville, Murvaux et Fontaines. L'ennemi a commencé à traverser la Meuse sur 3 ponts de bateaux jetés au nord de Sassey.

En face de la IIIe armée se trouvent les 13e et 6e corps allemands. Sur les hauteurs d'Haraumont, le 16e corps tout entier s'apprête à tenter le passage. L'ennemi est contenu mais les troupes françaises en sont réduites à la défensive. Sarrail décide de lancer une contre-attaque sur les deux rives de la Meuse pour le 1er septembre. Cette action sera sans lendemain, car la IIIe armée devra suivre le mouvement de repli général des armées à sa gauche.

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Date de création : 02/03/2018 14:34
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