Occupation-collaboration

L'occupation allemande et la collaboration en 39-45.

Collaboration et déportations en France

Les principaux acteurs de la collaboration et des déportations sont :

  • Pierre Laval : chef du gouvernement français

  • Philippe Pétain : président de la république française du 10/07/1940 à 1944

  • François Darlan : Chef du gouvernement après Laval et Flandin

  • Louis Darquier : commissaire général aux questions juives.

  • Jean Leguay : délégué de René Bousquet en zone occupée.

  • René Bousquet : secrétaire d’état à la police de Vichy.

  • Adolf Eichmann : Reichsführer SS, chef de la section anti-juive de la Gestapo

  • Theodor Dannecker : responsable des affaires juives en France

  • Carl Oberg : chef de la SS et de la police

Les différents cabinets ministériels collaborationnistes sont :

  1. Le premier gouvernement Laval du 19 juillet 1940 au 13 décembre 1940

  2. Le gouvernement Flandin du 14 décembre 1940 au 9 février 1941

  3. Le gouvernement Darlan du 10 février 1941 au 18 avril 1942

  4. Le second gouvernement Laval du 18 avril 1942 au 19 août 1944

L’invasion allemande

À l’été 1940, la France compte environ 350 000 Juifs dont moins de la moitié sont citoyens français.

Le 10 mai 1940, les forces allemandes envahissent la France. Le 22 juin, l’armistice est signé, trois jours plus tard, il entre en vigueur. L’Alsace et une partie de la Lorraine, sujet d’un long contentieux entre les deux pays, sont annexées. Le nord et l’est de la France sont occupés et administrés par l’armée allemande.

Jusqu’en novembre1942, le sud de la France reste inoccupé par l’envahisseur et un gouvernement pseudo-neutre établi à Vichy administre la France non occupée.

Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale vote la suspension de la constitution de la IIIe République et confie les pleins pouvoirs au maréchal Pétain héros de la Première Guerre mondiale. Pierre Laval, homme politique socialiste qui entretenait de bonnes relations avec le ministère des affaires étrangères allemand est nommé chef du nouveau gouvernement.

Allocution de Pétain le 30 octobre 1940
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En théorie les mesures prises par Vichy doivent s’appliquer sur tout le territoire français mais en réalité son action se limite à la France libre. Officiellement neutre, la France de Vichy collabore étroitement avec  l'Allemagne. Pétain et Laval mettent en place un programme nationaliste, remplaçant par exemple la devise « liberté, égalité, fraternité », qui  a pour origine  la Révolution française, par « travail, famille, patrie ».

France occupée
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Fin 1940, Vichy promulgue une législation anti-juive qui s’apparente à celle mise en place en zone occupée. Les juifs sont exclus de la vie publique et il leur est notamment interdit d’exercer dans la fonction publique,  dans les professions libérales, commerciales et industrielles.

En mars 1941 le gouvernement de Vichy crée le commissariat général aux questions juives afin de centraliser et de coordonner la politique anti-juive du régime. En juillet, les juifs sont expropriés de leurs biens qui deviennent propriété de l’État. Des milliers de Juifs étrangers sont envoyés dans des camps d’internement administrés par la France (Gurs, Saint-Cyprien, Rivesaltes, Le Vernet et les Milles). Au moins 3 000 personnes périront dans ces camps durant la guerre.

 

Adolf Eichmann
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Mise en place de la politique de déportation

Le 23 mai 1942 Eichmann convoque Dannecker à Berlin. L’objet de cette convocation est d’augmenter la quantité de juifs en provenance d’Europe du sud-est et de l’ouest à destination d’Auschwitz. Le quota fixé pour la France est de 100 000 juifs y compris en zone non occupée.

La condition essentielle est que les juifs soient âgés de 16 à 45 ans. 10% d’inaptes au travail peuvent être compris dans les convois.

Après son entrevue avec Leguay le 26 juin, Dannecker exige l’arrestation de 22 000 Juifs de Seine et de Seine-et-Oise capables de supporter une détention. Il stipule que 40% d’entre eux doivent avoir la nationalité française.

Le 29 juin Dannecker confirme que les juifs français des deux sexes et provenant des deux zones sont destinés à la déportation au même titre que les non-français.

Les Allemands ne souhaitent pas gérer directement la question juive mais laissent le soin aux autorités françaises de le faire. Le SS Lischka dira lors d’un exposé à une commission allemande : « Un service juif spécial, précurseur de l’Office central juif, a déjà été mis sur pied à la Préfecture de Police de Paris. Il convient de laisser aux Français le soin de régler la suite, afin d’éviter, dans ce domaine, la réaction du peuple français contre tout ce qui vient des Allemands. Aussi, les services allemands s’en tiendront-ils à faire des suggestions. »

C’est dans cet esprit que les Allemands s’adressent à Darquier, Bousquet et Leguay. Si le courant passe bien avec Darquier qui promet de mettre à disposition pour la déportation plusieurs milliers de Juifs de la zone occupée, il n’en est pas de même avec Bousquet et Leguay qui se montrent réticents à fournir un premier contingent de 10 000 Juifs résidant en zone non occupée et à préparer un plan qui permettrait d’arrêter 22 000 juifs dans le Grand-Paris.

Accord du 4 juillet 1942

Le 29 juin, les Allemands exigent l’arrestation de 32 000 personnes dont 22 000 dans la région parisienne et 10 000 en zone non occupée dont 40% de Français (8 800 personnes). Le 4 juillet on tombe d’accord pour ne pas toucher provisoirement aux Français c’est à dire aux 8 800 personnes prévues jusque là mais le nombre d’arrestations à opérer n’a pas changé. Aux Français de se débrouiller pour compenser ce manque.

Le 6 juillet 1942, Pierre Laval trouve la solution : à la place des 8 800 Français âgés de 16 a 45 ans, il offre des enfants Juifs de parents étrangers âgés de 2 à 16 ans. Les Allemands sont surpris par cette proposition mais l’accepte. Il est vrai qu’avant cette date le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau n’était pas terminé mais maintenant il l’est et on peut donc recevoir des enfants pour les passer dans les chambres à gaz.

L’autorisation de déporter les enfants est donnée à partir de la mi-août. Il est possible que les autorités françaises de Vichy n’aient pas connaissance de la destination finales des enfants juifs mais en tout état de cause la déportations ne pouvait être que dramatique dans un camp de concentration ou dans un ghetto polonais.

Rafle de juillet 1942

Initialement prévues le 13 juillet, la rafle est finalement reportée aux 16 et 17 juillet. Elle vise 28 000 personnes des deux sexes parmi lesquels les organisateurs comptent sur 22 000 personnes à coup sûr, âgées de 16 à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes dont les enfants entre 2 et 16 ans seront amenés en même temps que les parents étrangers ou apatrides. 9 000 hommes de la gendarmerie, de la police et de la garde mobile sont mobilisés pour le 16 juillet.

Un premier tri est fait aux commissariats d’arrondissement : Les personnes avec familles sans enfants de moins de 16 ans sont dirigées vers Drancy et les autres au vélodrome d’Hiver.

Au final ce sont 12 884 personnes qui sont arrêtées : 3 031 hommes, 5 082 femmes et 4 051 enfants. 6 000 personnes environ sont amenées à Drancy. Les familles avec enfants de 2 à 16 ans sont enfermées au Vélodrome d’Hiver où rien n’est préparé pour les accueillir. Le nombre dérisoire d’arrestations comparé à celui qui était attendu met les membres de la Gestapo dans une colère noire. Malheureusement pour eux, il y a eu des fuites au niveau de la préfecture qui a permis à certains Juifs de franchir la ligne de démarcation.

Le 19 juillet, les enfants et leur parents sont transférés du Vélodrome d’Hiver aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Les 6 000 adultes enfermés à Drancy sont déportés à Auschwitz en six convois.

Mais, il n’est pas question pour Dannecker de laisser sans utilisation  immédiate les précieux trains qui sont pour le moment à sa disposition.  L’ordre est donné donc de séparer les adolescents de plus de 12 ans et les adultes en laissant sur place les enfants entre 2 et 12 ans. Il  fallut donc arracher de force les jeunes enfants à leurs parents et à  leurs frères et sœurs plus âgés, ce qui fut fait dans le climat  démentiel et devant quelques femmes horrifiées du personnel de la Croix-Rouge qui essayèrent d’assister ces malheureux.

 

Rafle de Paris : Bundesarchiv_Bild_183-N0619-506,_Paris,_Jüdische_Frauen_mit_Stern.jpg
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Camp de Drancy : Bundesarchiv_Bild_183-B10920,_Frankreich,_Paris,_festgenommene_Juden_im_Lager.jpg
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Bousquet à Marseille : Bundesarchiv_Bild_101I-027-1475-38,_Marseille,_deutsch-französische_Besprechung.jpg
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Entre le 31 juillet et le 7 août, les adolescents et les adultes sont déportés directement des camps du Loiret à Auschwitz, tandis que les enfants de 2 à 12 ans restent dans un abandon complet, mêlés à quelques adultes étrangers malades
. Les enfants et les adultes étrangers des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont transférés à Drancy puis déportés entre le 19 et le 26 août 1942 à Auschwitz où ils sont tous directement gazés.

Aux mois d’août et septembre 11 000 hommes, femmes et enfants en zone non occupée sont livrés aux Allemands qui les déportent de Drancy.

Pendant les mois suivants, dans les deux zones, les rafles et les  arrestations individuelles se poursuivent, de sorte qu’au printemps 1943  le nombre des déportés juifs de France atteint environ 49 000, et cela  malgré l’arrêt complet des déportations entre le 11 novembre 1942 et le 9 février 1943 à cause du manque du matériel ferroviaire.

Pratiquement et très rapidement, il n’y aura plus de limites d’âge pour les déportations des Juifs de France ; on déportera dès le mois d’août 1942 des nouveau-nés, des nourrissons et des vieillards de 90 ans.

À partir de mars1943 les convois reprennent mais avec des Juifs français mêlés aux juifs étrangers.

Face à l’opposition de Pétain et de Laval à aider les Allemands à déporter des Juifs Français il leur est demandé de dénaturaliser ceux qui le sont depuis 1932.

Déportations à partir de la France
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Les dénaturalisations

Le 22 juin 1943 Laval et Gabolde (ministre de la justice) signent la loi retirant la nationalité française aux Juifs naturalisés après le 10 août 1927. Le 7 août Laval révoque sa signature car il dit qu’il a signé le texte de Darquier par erreur. S’il est vrai qu’en août 1943 Laval a refusé désormais l’emploi  « massif » de la police dans les arrestations des Juifs, son emploi plus  discret ne fera jamais défaut.

Le bilan

76 000 Juifs dont plus de 11 000 enfants sont déportés par les Nazis avec l’aide du gouvernement de Vichy. 25% de la population juive en France sont victimes de la Shoah.

Les déportés résistants

Les résistants étaient le plus souvent emprisonnés à Fresnes, à la Santé, ou au fort de Romainville pour la zone nord et à Montluc pour la zone sud. Les condamnés à mort étaient exécutés au Mont Valérien. De nombreuses résistantes ont vu leur peine de mort commuée en prison à vie et ont été déportées au camp de femmes de Ravensbrück ou à Mauthausen.

Les travaux de l’institut d’histoire du temps présents et du ministère des Anciens combattants retiennent le chiffre de 66 000 déportés non raciaux, dont 42 000 pour faits de résistance. Seuls 23 000 d’entre eux auraient survécu à l’internement ou à la déportation.

Les déportés Nacht und Nebel « Nuit et Brouillard »

Instaurée en 1941 par le décret Keitel, la procédure NN, Nacht und Nebel (Nuit et brouillard) entre en application progressivement dans toute l'Europe occupée. Les premiers détenus NN arrivent au  Konzentrationslager (KL) Natzweiler le 15 juin 1943.

Ecarté, au départ, de la procédure par la Wehrmacht, le RSH (sécurité du Reich) se voit confier la prise en charge des prévenus dès février 1942. Tout contact avec le monde extérieur (colis, lettres, visites) est interdit. Aucune information ne doit être donnée en cas de décès ou d'exécution. Une circulaire en date du 4 août 1942 parvient aux commandants des KL. Ils sont informés du contenu du décret NN et du début des transferts vers l'Allemagne. Mais "dans le cas où cela ne serait pas possible, pour des raisons quelconques" les prévenus peuvent être envoyés en KL au titre de la détention préventive. Les militaires ont perdu la main et la Gestapo s'est emparée de cette procédure d'exception qui, en France, conduira à l'arrestation de plus de 5000 personnes.

Les NN français

Les trois premiers convois (169 hommes) en provenance de Fresnes et de Romainville arrivent en juillet 1943 au camp de Natzweiler.  Ils y sont annoncés comme appartenant à la pègre et voient s'abattre sur eux la fureur des SS. Dès le 10 juillet, ils sont affectés au transport de lourdes pierres pour la construction de la cave à pommes de terre. Frappés, mordus par les chiens, ils doivent néanmoins poursuivre leur travail, malgré les plaies ouvertes.

Le traitement est le même pour les autres qui travaillent au terrassement autour des baraques de l'avant-camp, près de ce qui devient le "ravin de la mort". Marqués physiquement, ils n'ont pas droit aux soins, pourtant situé sur la même plate-forme que celle du block qu'ils partagent avec les autres NN.

Les médecins NN utilisent les moyens du bord pour soigner les plaies les plus graves, enduites de margarine et pansées avec du papier. Les blessés ne peuvent rester dans le block et doivent partir chaque jour au travail où ils restent étendus, alors que les SS s'acharnent sur eux.

Le soir, ils sont portés au camp par des camarades en meilleur état. Cette sauvagerie, qui surprend les autres NN, semble aussi inquiéter le SS Maier, lieutenant de la compagnie des gardes. Ce dernier fait un rapport à l'Inspection générale des camps. À la fin de l'été, l'Obergruppenführer Pohl, responsable du SS-WVHA, se rend à Natzweiler et réprimande Kramer sur les cas de brutalité extrême.

Des convois de Français arrivent en novembre avec 183 hommes. Ce sont alors principalement des "NN-Wehrmacht" venant de Fresnes, le Cherche-midi et Romainville. D'autres suivent en 1944.

Parias du camp, les NN sont singularisés des autres détenus par ces deux lettres peintes en rouge sur leur costume. Le block 13, entouré de barbelés, devient le block des NN, une fois vidé des Juifs gazés par le professeur Hirt en août 1943. Le statut particulier des NN leur interdit d'être affectés dans un kommando de travail extérieur au camp. En revanche, certains sont envoyés dans des camps annexes, à Kochem (10 mars 1944) et à Erzingen (juin) et ceux de Kochem reviendront en piteux état.

En 1943, près de 9% d'entre eux décèdent au KL Natzweiler, principalement des Français. En 1944, la seule catégorie des NN compte 1 décédé sur 5. Très peu ont été transférés en Allemagne. Les "NN-Wehrmachf" ne représenteraient, selon les transferts vers les prisons, que 351 détenus, soit 14% de l'ensemble des NN. Les survivants sont transférés à Dachau lors des évacuations massives de septembre 1944. Beaucoup retournent ensuite avec une nouvelle immatriculation dans d’autres camps et deviennent des détenus politiques.

Sources :


Date de création : 22/02/2018 19:09
Catégorie : - Guerre de 39-45-Occupation et collaboration
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