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Texte à méditer :   A nous le souvenir, à eux l'Immortalité.   Souvenir Français du canton de Dun-sur-Meuse
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Capitaine Dougherty

Francis Eugene  Dougherty

Membre de la Force Expéditionnaire Américaine pendant la Première Guerre mondiale, il est tué en action le 15 octobre 1918 au bois de Forêt.

Le Capitaine Dougherty sort de l’école militaire de West Point en 1917. Il commande un bataillon de la 3e division d’infanterie quand il est tué près de  Montfaucon pendant l’offensive Meuse-Argonne. Il repose au cimetière de Romagne-sous-Montfaucon : Plot H, Row 18, Grave 30.

Ville de naissance de Francis Dougherty
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Francis Eugene Dougherty naît en 1895 à Glenwood, sur les bords du lac Minnewaska, un des 10 000 lacs d’origine glaciaire du Minnesota.

Malle des nombreux Scandinaves qui s’établissent sur ce territoire indien à partir des années 1850 et qui ont l’habitude des hivers rigoureux.

Malle
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Les distractions sont rares : chasse, pêche sur le lac gelé, activités liées à la neige souvent abondante. Glenwood devint un centre international de compétitions de saut à skis à partir de 1912.

Maison familiale, Francis est né dans cette maison en bois, typique de l’architecture du Midwest américain (avril 2008)

Maison des Dougherty
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Photos de famille, la mère, Louise Dougherty (1861-1923), est une femme remarquable. Diplômée d’une université à une époque où peu de filles font des études supérieures, excellente musicienne, elle tient l’orgue à l’église paroissiale dont elle dirige la chorale et elle supervise l’enseignement de la musique dans les écoles de Glenwood. Très artiste, elle dessine et peint. Elle est membre d’une société littéraire, sans pour autant négliger ses huit enfants (six garçons et deux filles dont l’une meurt à l’âge de huit ans). Le père est banquier.

Famille Dougherty
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 Six frères, les enfants forment un orchestre familial. Le plus jeune, Celius, fait une carrière de pianiste, il accompagne les meilleurs solistes américains. Ses chants populaires sont appréciés de tous. Francis (le 3e à partir de la gauche) joue de plusieurs instruments (piano, clarinette, mandoline) et chante dans des chorales.

Fratrie Dougherty
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Excellent élève en tout, sportif sans être un athlète confirmé, Francis Dougherty sort de l’école de Glenwood major de sa promotion. Suivant la tradition, on lui offre d’entrer à l’académie militaire de West Point : il en sort en 1917 avec le grade de second lieutenant.

Francis Eugene Dougherty en uniforme
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Portrait de Francis : le Scrapbook ne mentionne pas le bizutage terrible qui attend les nouveaux cadets et qui se poursuit pendant le camp d’été. Le futur général Pershing (classe 1886) était craint pour sa violence. Le futur général MacArthur  (classe 1903) fut une des victimes de ces pratiques cruelles.

Portrait
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Francis participa activement à la vie de l’académie : fêtes nationales, sports avec l’incontournable match de football opposant l’armée à la marine, pièces de théâtre, concerts d’orgue dans la chapelle construite en 1910.
Il laisse le souvenir d’un garçon efficace, travailleur, mais réservé et indépendant. On l’apprécie dès qu’on a appris à le connaître.

Pendant ses études à West Point, Francis Dougherty côtoie Dwight Eisenhower (1911-1915). La classe 1915 produit un nombre remarquable de généraux : 61, soit 36% de la classe.

Groupe d'étudiants à West Point
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Eisenhower a fait tellement d’entorses à la discipline qu’il aurait dû être renvoyé. Seule l’opportunité d’une éducation gratuite l’a amené à West Point. Par contre, Francis a été sanctionné pour un fait mineur : que pouvait-il bien faire le soir sur la rive droite du lac Oscawana, hors de l’enceinte de West Point ?

Escapade
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Avertissement
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La vie d’un cadet à West Point n’a rien de romantique : elle est faite d’exercices militaires et d’entraînement sportif, dans des conditions spartiates et sous une discipline draconienne. Les permissions sont rares : deux mois l’été suivant, la deuxième année et la période de Noël pour ceux qui obtiennent de bons résultats académiques.
Aussi Francis trouvait-il un réconfort dans le dessin ou le piano.

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On devine la joie le jour du spectacle « la 100° nuit » : il ne reste plus que 100 jours avant la cérémonie de fin d’année.
Divers documents, soit en photos soit dans les vitrines : baseball-YMCA - class games -  Thanksgiving dinner -  Scrapbook couverture -  récital d’orgue.
Objet : Bague de West Point et épée.

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Pendant ces 4 années, les cadets ont été tenus dans l’ignorance la plus totale de ce qui se passe sur le vieux continent. Par souci de neutralité, il leur est interdit de lire les journaux et de parler de la guerre. Et pourtant de nombreux volontaires américains souvent issus d’universités prestigieuses comme Harvard, se trouvent déjà sur le sol français, dans des formations combattantes (Légion étrangère, escadrille Lafayette) ou sanitaires (hôpitaux, ambulances).
Changement radical de politique le 6 avril 1917 lorsque le Congrès américain vote la guerre. Quinze jours plus tard, c’est la cérémonie de remise des diplômes pour la classe 1917 qui a demandé à avancer la date tant elle a hâte d’aller combattre.
Mais l’Amérique n’est pas prête. Elle ne dispose que de quelque 200 000 hommes sans aucune expérience de la guerre de tranchées. Cette armée ne possède que 285 000  fusils, 1500 mitrailleuses, 550 canons, aucun char et 55 avions surannés. Seule la flotte est moderne. Une délégation française, conduite par le général JOFFRE, héros de la marne et le vice-président du conseil se rend aux États-Unis du 24 avril au 15 mai, afin de conquérir l’opinion publique et de fixer avec précision le concours militaire des États-Unis.
Joffre passe en revue les cadets.

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Francis Dougherty rentre à Glenwood où il voit son frère aîné Wallace pour la dernière fois. Celui-ci est incorporé dès juillet 1917 et il sert dans l’American Expeditionary Force à partir de décembre, il est dans le Génie (compagnie chimique).
De son côté, Francis Dougherty doit suivre un stage à fort Sille (Oklahoma) pour apprendre à manier la baïonnette et les grenades. Il est ensuite instructeur dans différents camps avant de partir en Europe en mars 1918 avec le grade de capitaine.
Tous sont devenus des Sammies (d’après le nom de l’oncle Sam) ou des Doughboys, littéralement (Garçons de pâte), mot à l’origine incertaine. Une des hypothèses dit qu’il a été inventé par les soldats français et anglais pour désigner les soldats américains : comme la pâte à pain, ils ont été pétris en 1914, mais ont attendu 1917 pour lever.

Le drapeau blanc bordé de rouge et décoré d’une ou plusieurs étoiles bleues ou dorées au milieu a été conçu en 1917 par un capitaine américain qui désire indiquer aux passants qu’il a deux fils dans l’armée. L’idée est immédiatement reprise par l’organisation des « War mothers » (les mères de la guerre). L’étoile dorée signifie que le fils est tombé au combat.
À partir de septembre 1918, les deux fils de Mme Dougherty combattent dans le même secteur : celui de Meuse-Argonne.
Francis a rejoint le 4e régiment d’infanterie, 3e division, en mai dans le secteur de Château-Thierry où les Américains repoussent l’ennemi (2e bataille de la Marne). Puis, à la mi-août, la 3e DIUS se rend à Vaucouleurs où elle se tient en réserve pendant la réduction du saillant de Saint-Mihiel.

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Carte secteur de la mort de Francis Dougherty. La division est toujours en réserve, mais cette fois-ci dans la forêt de Hesse, au moment de l’offensive du 26 septembre et de la prise de Montfaucon le 27. Le 30 elle est rattachée au 5e corps US, elle relève la 79e DIUS et établit son PC à Cuisy, avant de le transférer dans le Bunker du kronprinz à Montfaucon, le 3 octobre.
Les objectifs pour l’attaque du 4 octobre sont le bois des Ogons, le bois de Cunel et les collines à l’est de Romagne.
La résistance ennemie est très vive, en particulier dans le bois de Cunel pour le 4e régiment. Le bois de Cunel finit par être pris le 9 octobre. La progression vers Bantheville est très lente les jours suivants. Elle est ralentie par la pluie battante, le brouillard et l’artillerie ennemie ainsi que par des relèves dans le secteur américain.
L’attaque du 14 octobre a toujours Bantheville pour objectif. Les Allemands opposent une vive résistance dans le bois de la Pultière et le bois des Rappes. Le 4e régiment a de si lourdes pertes le 14 que deux bataillons provisoires sont organisés le 15.
Francis Dougherty commande le 1er bataillon, il vient d’être promu Major. Il est touché près du bois de Forêt lors d’une contre-attaque ennemie. Francis agonise pendant une heure, mais affronte la mort avec calme malgré ses souffrances. Le seul qui reste indemne est le colonel.
Il est enterré sur place et sans doute transféré ensuite dans un cimetière d’officiers près de la ferme de la Madeleine.

Position de la tombe d'origine de Francis Dougherty
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Lettre annonçant sa mort, certificat signé Pershing, anneau de West Point trouvé sur lui après sa mort.
Ses parents apprennent la triste nouvelle par le journal local qui relate la blessure du capitaine Markae, originaire de Glenwood, et signale la mort de Francis Dougherty.

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Francis est sur le point d’épouser Ethel quand il trouve la mort. Elle écrivit à une belle sœur « qu’est-ce qui est arrivé ? Par moment je perds toute confiance en moi et pense que je ne peux pas le supporter. Mais alors Francis vient m’aider et je réalise que je dois me montrer aussi bon soldat qu’il l’était, et j’aurais besoin de toute ma force. Il était le plus bel exemple de tout ce qu’un soldat et un homme devrait être et je prie pour que Dieu me donne la force d’être digne de son amour et sa confiance en moi.

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Cette semaine, j’ai beaucoup pensé à vous qui êtes à Glenwood. Si seulement je pouvais être avec sa famille… Je serais bien venue, mais ceux qui sont mieux à même de juger de ce qu’il convient de faire me disent qu’il vaut mieux attendre un peu. J’aimerais être aux côtés de sa chère maman pour lui parler de ces dernières années de la vie de Francis, années où il  a été si peu à la maison.
Bien que je connaisse le danger constant et terrible auquel les hommes sont exposés sur le Front, j’étais sûre que mon homme me reviendrait sain et sauf. Je n’étais pas préparée du tout et un tel coup est dur à supporter.

Marianne, vos lettres m’ont aidée et je les apprécie. Le journal est arrivé hier et l’article m’a appris des choses que je ne savais pas. J’aimerais en avoir deux autres exemplaires pour notre famille, si c’est possible.
J’ai passé pratiquement toute la semaine avec Agnès. Tout le monde est si bon avec moi, nous sommes rentrées hier soir et sommes restées ensemble aujourd’hui, jour du Thanksgiving. Je n’ai pas encore fait de projets pour l’avenir, mais je sais une chose : je continuerai comme il aurait voulu que je le fasse et son courage sera ma paix, son courage sera ma force, son amour sera mon réconfort éternel. Cela me cause beaucoup de peine, mais je dois le supporter avec courage, en sachant que beaucoup d’autres souffrent avec moi.
Francis Dougherty repose à la nécropole Américaine de Romagne sous Montfaucon.

Les frères Dougherty

Francis, dont nous venons de lire l’historique.
Wallace, en France pendant la Première Guerre mondiale.
Ralph, tué sur le porte-avions Arizona, coulé à Pearl Harbor le 7 décembre 1941.
Dan, deuxième guerre mondiale, 324e RI, 44e division, combat prés de Lunéville, libération de Strasbourg, combats prés de Sarrebourg, Phalsbourg, Durstel, Ottwiller, Waldhambach, Kalhausen, Blies-Ebersing opération Nordwing la dernière offensive d’Hitler, en janvier, il est transféré à la 45e division comme chef d’escadron.
Le 15 mars son unité rentre en Allemagne, le 18 mars il est blessé sur la ligne Siegfried et est hospitalisé en Alsace. Il retourne dans son unité et se bat à Bamberg et Nuremberg puis libère Munich.
Le 29 avril 1945, la compagnie aide à libérer le Camp de concentration de DACHAU, ses souvenirs de la libération du camp sont relatés dans le livre " le convoi de la mort de Buchenwald-Dachau."
Dan et son épouse Norma ont 3 enfants et 7 petits-enfants, ils vivent à la retraite à Roseville en Californie.

Descendants du capitaine Dougherty (Est Républicain)
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Source :

  • Jean Marie
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Date de création : 20/02/2018 14:20
Catégorie : - Personnages célèbres
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